CP, le 20 octobre 2022 – Nous apprenons d’une source fiable que la Gouverneure de la Banque Centrale du Myanmar, Than Than Swe, serait actuellement de passage en France dans le cadre de la première plénière du Groupe d’action financière (GAFI) sous présidence singapourienne, qui a lieu à Paris du 20 au 21 octobre.
Elle serait arrivée en France le 17 octobre en provenance de Russie pour plaider la cause de la junte militaire, opposée en particulier à un éventuel placement de la Birmanie sur la liste noire du GAFI en tant que pays à hauts risques en matière de blanchiment de capitaux, de financement du terrorisme etc… Lors de sa dernière plénière, l’Etat birman était inscrit sur liste grise en tant que juridiction sous surveillance.
La junte a récemment procédé à un remaniement au sein de la Banque Centrale pour accroître sa mainmise sur le secteur financier. La nomination de Than Than Swe en tant que Gouverneure en août 2022 survient après celle de six haut-gradés militaires à des postes de direction au sein de la Banque Centrale, autant de positions clés contrôlées par des militaires et leurs alliés au sein d’une institution stratégique. Than Than Swe, largement considérée comme étant pro-militaire, a d’ailleurs été la cible d’une tentative d’assassinat à Rangoun en avril dernier.
Si elle ne figure pas jusqu’à présent sur la liste des individus placés sous sanctions internationales, l’ancien Gouverneur de la Banque Centrale, Than Nyein, était quant à lui sous sanctions américaines depuis le 17 mai 2021. Il a été remplacé par Than Than Swe le 19 août, alors que cette dernière occupait déjà la fonction de vice-gouverneure.
La venue en France de Than Than Swe, si elle est confirmée, est un véritable scandale. La junte commet des crimes contre l’Humanité au quotidien, met le pays à feu et à sang, saborde l’économie et accapare les richesses du pays à son profit. Il est inadmissible qu’un représentant de la junte puisse séjourner en France, représenter la Birmanie lors de la session plénière du GAFI ou se déployer en coulisses sur des enjeux aussi importants. Cette venue serait d’autant plus dommageable que le soutien de la France au Gouvernement d’unité nationale (NUG), et à la résistance du peuple birman de manière plus large, est encore loin d’être à la hauteur du courage et des sacrifices du peuple birman.
Nous demandons à la France de faire toute la lumière sur cette information et de s’assurer qu’aucun représentant de la junte birmane ne séjourne en France ni ne soit mis en capacité d’y défendre les intérêts d’un régime criminel. La place de la gouverneure de la Banque Centrale n’est pas en France mais sur la liste des individus placés sous sanctions internationales.
Organisations signataires: Info Birmanie, Communauté Birmane de France et Doh Atu Ensemble pour le Myanmar