Retrait de Birmanie : TotalEnergies doit répondre aux demandes de la société civile birmane

Retrait de Birmanie : TotalEnergies doit répondre aux demandes de la société civile birmane

CP 23 mai 2022 – A l’approche de son assemblée générale, TotalEnergies est interpellé sur les modalités de son retrait de Birmanie. Le sujet est loin d’être clos, à plus ou moins deux mois de son départ annoncé du champ gazier de Yadana[1].

TotalEnergies poursuit une stratégie de désinvestissement profondément irresponsable. Le groupe a refusé de répondre aux questions de Blood Money Campaign (BMC) concernant sa cession. Notamment à la question de savoir pourquoi celle-ci va à l’encontre de la position de la communauté internationale en traitant la junte génocidaire comme le gouvernement du Myanmar et en ignorant le gouvernement d’union nationale (NUG), gouvernement légitime dont le Sénat français appuie la reconnaissance officielle.

TotalEnergies a ignoré les demandes de la société civile birmane. Celles-ci portent notamment sur la poursuite des paiements à la junte militaire depuis l’annonce du retrait du groupe. La société civile maintient sa demande de voir cette somme placée sur un compte bloqué jusqu’au retour d’un gouvernement démocratiquement élu, en ayant – si nécessaire – recours à l’arbitrage international. Selon les estimations, ce sont environ 250 millions de dollars américains supplémentaires qui vont venir alimenter la junte de janvier à juillet 2022.

Blood Money Campaign s’inquiète aussi du transfert de parts de TotalEnergies à PTTEP – géant thaïlandais de l’énergie – en sa qualité de partenaire repreneur désigné du projet Yadana, et de la cession de parts à la Myanmar Oil and Gas Enterprise (MOGE). En dépit des sanctions de l’Union Européenne (UE) contre la MOGE, rien n’a été entrepris pour tarir les revenus du gaz à la junte. Le peuple birman privilégie pourtant ce tarissement à l’approvisionnement en énergie : il n’est pas entendu.

Alors que les revenus peuvent être détournés vers des comptes bloqués sans couper le gaz, l’expérience montre que les conséquences humanitaires d’un régime militaire seront pires que toute réduction de l’électricité. « Le Myanmar a connu des décennies de pannes d’électricité et maintenant que TotalEnergies finance le massacre quotidien de la junte, Patrick Pouyanné dit aux habitants du Myanmar que l’énergie est un droit humain, ignorant le fait que 98% des habitants de Yangon soutiennent l’arrêt des revenus plutôt que le maintien de l’approvisionnement en électricité » déclare Ko Ye de BMC.

« BMC appelle TotalEnergies à cesser d’abuser des exemptions aux sanctions de l’UE. Ne continuez pas à financer la junte en ordonnant des paiements mensuels. N’introduisez pas un nouvel opérateur qui sera de connivence avec la junte. La junte tue avec votre argent tous les jours et vous vous assurez qu’elle le fera après votre départ. »

La France a aussi une responsabilité dans ce dossier. Comme le souligne Earth Rights International (ERI), les sanctions de l’UE contre la MOGE contiennent des dérogations qui protègent les intérêts des compagnies gazières. La France doit garantir qu’elle n’autorisera pas leur utilisation par TotalEnergies à des fins détournées, le but ultime des sanctions étant d’empêcher les revenus du gaz d’atteindre la junte militaire.

Contacts presse :

Ko Ye, Blood Money Campaign +959 759 966 142 (signal)

Sophie Brondel, Info Birmanie  + 33 (0)7 62 80 61 33 sophie@info-birmanie.org


[1] Deux rapports explicatifs détaillent les enjeux et les demandes de la société civile pour un  désinvestissement responsable de TotalEnergies : « Explainer – TotalEnergies and Chevron exit » (BMC/GMSR) et How TotalEnergies and Chevron Can Divest Responsibly from Myanmar”. (Earth Rights international).