Plus de 300 paysans originaires de Kanbalu, dans la région de Sagaing, au centre de la Birmanie, ont été jugés lors d’un procès collectif pour avoir protesté contre la confiscation de leurs terres, en labourant leurs champs. Cette forme de protestation, de plus en plus populaire en Birmanie, est utilisée par les paysans birmans pour défendre leur droit à la terre. Les terres en question faisaient partie d’un lot de 1 500 hectares confisqué par les militaires en 1997, avant d’être louées à un homme d’affaire. En les labourant en mars dernier, ils ont été accusés par l’entreprise qui plantait alors de la canne à sucre, d’intrusion sur ses terres ainsi que de pertes et de dommages.
Le 17 juillet la Cour du district de Kanbalu a condamnée 18 paysans à des peines allant de 3 mois à 3 ans de prison ferme. Quelques jours plus tard, 47 autres paysans ont été condamnés à des peines similaires. « Ils ont condamnés les paysans à des peines extrêmement sévères sans leur redonner leur terres » a déclaré Ko Gyi, un activiste qui aide les paysans à déposer un recours.
Alors que la plupart a été incarcéré dans la prison de Shwebo, à moins de 100km de Kanbalu, les autorités ont décidé de transférer 15 paysans dans d’autres prisons à plus de 300 km de leurs familles. « Les déplacer loin de Kandalu est une humiliation de plus pour les paysans et leur famille. Ils ont fait cela pour effrayer les paysans afin de leur donner un avertissement pour qu’il ne proteste plus pour demander le retour de leur terre » a ajouté Ko Gyi, « Il sera très difficile pour eux d’aller à un endroit aussi loin. Certaines familles n’ont même pas été informées du transfert et certaines se sont effondrées après l’avoir appris ».
Les paysans tentaient de réclamer leurs terres depuis plusieurs années et avaient déposé plainte auprès des autorités. En mars 2013, le Ministère de la Défense avait annoncé que la plupart des terres leur seraient restituées. Cependant, l’entreprise qui loue les terres aurait refusé de libérer ses plantations.
Sous la dictature, des centaines de milliers d’hectares de terres ont été confisquées aux communautés de tout le pays et de nombreux activistes demandant leur retour ont été brutalement réprimés. Avec l’arrivée d’un gouvernement civil et la mise en place de réformes démocratiques, les paysans birmans ont essayé de récupérer leur terre à nouveau. Mais au contraire, le développement rapide du secteur de l’agro-industrie a entrainé des milliers de nouveau cas de confiscations de terre.
Au mois de juillet, des affrontements ont eu lieu entre les forces de sécurités locales et les paysans de la région de Letpadaung, dont les terres ont été confisquées pour être cédées à un projet d’extraction de cuivre. Bien que les forces de l’ordre leur aient interdit de le faire, les paysans faisaient paître leur troupeau sur leurs anciennes terres. La confrontation qui s’en est suivie a fait plusieurs blessés chez les forces de sécurité et la police locale a engagé des poursuites contre les paysans. Ceux-ci ont réfuté toute allégation d’intrusion et de tapage, faisant valoir que les terres en questions leur appartenaient toujours et que la confiscation était illégale car ils n‘avaient pas accepté les compensations proposés. « La police n’est pas là pour nous protéger nous, mais pour protéger les intérêts de l’entreprise d’État Union of Myanmar Economic Holdings » a déclaré Aung Ko Oo, un résidant du village.
Sources: The Irrawaddy et Démocratic Voice of Burma
Pour en savoir plus :
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