Info Birmanie se joint à la campagne de sensibilisation d’AAPPB, l’Association d’Aide aux Prisonniers Politiques en Birmanie pour demander la libération immédiate et inconditionnelle des prisonniers politiques en Birmanie. Vous pouvez participer en choisissant un prisonnier qui vous tient à cœur parmi la liste de 20 prisonniers politiques ci-dessous ou sur le site d’AAPPB (liste en anglais). Au choix : paysans, ouvriers, journalistes, activistes, déserteurs et minorités ethniques.
Écrivez son nom sur votre main droite, collez son histoire et publiez votre photo sur votre page facebook ! N’oubliez pas de nous l’envoyer : infobirmanie@gmail.com !
Le gouvernement birman s’était engagé en juillet 2013, devant François Hollande, à libérer l’ensemble des prisonniers politiques avant la fin de l’année 2013 mais, en février 2015, 177 prisonniers politiques étaient toujours emprisonnés en Birmanie et 213 activistes attendaient leur jugement. Depuis 2013 leur nombre augmente chaque mois et à ces chiffres s’ajouterait plus de 1000 Rohingyas et un nombre inconnu d’activistes issus d’autres minorités ethniques emprisonnés pour leur croyances religieuses et politiques, sans procès équitables. Entre 60 et 150 Rohingyas seraient également morts en détention depuis 2012. Enfin, le Rapporteur Spécial des Nations Unies a documenté l’utilisation régulière de la torture contre les détenus.
Début 2015, le gouvernement a décidé de réorganiser le Comité de révision des prisonniers politiques qui vise à déterminer quels sont les prisonniers incarcérés pour des raisons politiquement motivées. Celui-ci sera de nouveau dirigé par des anciens responsables militaires, à l’origine d’arrestations arbitraires et de torture. AAPPB, l’association qui travaillait au sein de l’ancien comité et spécifiquement sur le sujet depuis plus de 15 ans, a par contre été exclue du nouveau comité. Il manquera donc totalement d’indépendance et ne devrait pas améliorer la situation des prisonniers politiques. L’avenir des libertés fondamentales en Birmanie est loin d’être prometteur…
Ci dessous 20 portraits illustrant les profils et les condamnations type des prisonniers politiques en Birmanie.
BRANG YONG a été condamné à 21 ans de prison pour ses liens présumés avec l’Armée d’Indépendance Kachin, en vertu de la Loi sur les associations illégales (article 17). La KIA est la branche armée de l’Organisation pour l’Indépendance Kachin qui travaille pour la démocratie et l’autonomie du peuple kachin. Arrêté en 2012, il a dans un premier temps refuser les tords qui lui était reprochés puis a confessé sous la torture des liens avec la KIA et une implication dans des attentats. L’article 17 est fréquemment utilisé pour harceler les activistes et empêcher la population de s’associer avec des groupes de défense de la démocratie ou de défense des intérêts des minorités ethniques.
ZAW WIN est un défenseur des droits de l’homme et membre de Movement for Democracy Current Force – MDCF, une organisation communautaire qui œuvre pour le développement et la démocratie en Birmanie. Il a été condamné à 1 an et demi de prison pour avoir distribué des flyers appelant à la démission du gouvernement et pour avoir protesté contre les violations des droits de l’homme. Ces peines ont été prononcées en vertu de l’article 505(b) du Code pénal et de l’article 18 sur les manifestations et rassemblements pacifiques.
MYO THINT a été a arrêté en mai 2014 pour avoir protesté avec d’autres mineurs contre l’évacuation du site où ils travaillaient et contre la perte de l’emploi des 40 mineurs d’or. Il a été condamné pour plusieurs charges en mai 2014 pour un total de 3 ans et 4 mois de prison ferme.
WIN TIN est l’éditeur du journal Bi-Mon Te Nay et journaliste. Il a été arrêté en juillet 2014, avec plusieurs de ses collègues pour avoir publié un article annonçant à tort que la leader de l’opposition Aung San Suu Kyi et que plusieurs leader des groupes ethniques avaient formé un gouvernement intérimaire. Le journal a été fermé après leurs arrestations et le personnel a été condamné pour avoir publié une fausse déclaration susceptible d’« inquiéter le public ». Il a été condamné en octobre 2014 à 2 ans de prison.
HTIN KYAW est un activiste et leader de Movement for Democracy Current Force (MDCF), une organisation communautaire qui œuvre pour le développement et la démocratie en Birmanie. Il a été condamné à plus de dix reprises depuis le mois de juin 2014, totalisant une peine de 13 ans et 4 mois années de prison pour ses activités politiques, notamment pour avoir ouvertement critiqué le gouvernement et pour avoir distribué des tracts à son encontre.
KO KO AUNG est un paysan qui a été condamné à 15 mois de prison pour avoir participé à une manifestation non autorisée (contre la confiscation de ses terres) et pour avoir tenu des propos susceptibles de causer la peur ou l’angoisse parmi la population et de conduire les gens à « commettre une infraction contre l’État ou contre l’ordre public ». L’article 18 sur les manifestations et rassemblements pacifiques et l’article 505(b) du Code pénal en vertu desquels il a été inculpé, sont les articles les plus utilisés par le gouvernement pour faire taire les voix dissidentes.
SAW YAR KO a été accusé d’avoir des contacts avec Saw Nar, le coordinateur de la Karen National Union, un groupe politique d’opposition. Il a été condamné en octobre 2009 à 56 ans de prison pour relation avec une association illégale. Sa peine a été réduite à 30 ans.
ZAW WIN est un défenseur des droits de l’homme et membre de Movement for Democracy Current Force – MDCF, une organisation communautaire qui œuvre pour le développement et la démocratie en Birmanie. Il a été condamné à 1 an et demi de prison pour avoir distribué des flyers appelant à la démission du gouvernement et pour avoir protesté contre les violations des droits de l’homme. Ces peines ont été prononcées en vertu de l’article 505(b) du Code pénal et de l’article 18 sur les manifestations et rassemblements pacifiques.
SAI PHONE TINT a été condamné à 3 peines de prison à vie plus 25 ans. Il a été arrêté en février 2006 en tant que membre de l’organisation de la minorité ethnique Shan : Restoration Council of Shan State (armée shan aujourd’hui connue sous le nom de Shan State Army). Il a été accusé selon de nombreuses charges, notamment la trahison et la violence à l’encontre du gouvernement.
THAW KYAR est un paysan qui a été condamné à 7 ans de prison en octobre 2014 pour avoir protesté contre la confiscation de ses terres en labourant ses champs. L’article 18 sur les manifestations et rassemblements pacifiques et l’article 505(b) du Code pénal en vertu desquels il a été inculpé, sont les articles les plus utilisés par le gouvernement pour faire taire les voix dissidentes, y compris les voix des paysans qui réclament leur terres confisquées.
MIN MIN TUN a été arrêté pour désertion de l’armée, fuite en Thaïlande, prise de contact avec le Colonel Wai Lin Zin – membre de l’organisation de résistance All Burma Student Democratic Front (ABSDF) – et tentative d’obtention d’explosifs. Il a été condamné en octobre 2010 à la peine de mort, sa sentence a ensuite été réduite à la prison à vie.
THET ZAW MYINT a été condamné à la prison à vie pour ses liens présumés avec l’organisation illégale de la minorité ethnique Shan: Restoration Council of Shan State (armée shan, aujourd’hui connue sous le nom de Shan State Army). Il a été accusé selon de nombreuses charges, notamment la trahison et la violence à l’encontre du gouvernement.
MAR THIN est une paysanne emprisonnée le 21 janvier 2015 à 6 ans et 3 mois de prison pour avoir protesté contre la confiscation de ses terres en labourant ses champs.
CHIT KO est un ancien pilote de l’air condamné à 10 ans de prison en 2012 pour avoir envoyé un mail à l’Organisation Internationale du Travail (OIT) pour lui demander de l’aider à quitter son unité de l’armée. Il a bénéficié d’une réduction de peine de 900 jours en 2014 mais doit toujours purger le reste de sa peine.
BOE BOE AUNG a été arrêté en mars 2014 pour avoir protesté avec d’autres mineurs contre l’évacuation du site où ils travaillaient et contre la perte de l’emploi des 40 mineurs d’or. Il a été condamné pour plusieurs charges en mai 2014 pour un total de 22 mois de prison ferme.
MA CHO est une activiste de Movement for Democracy Current Force (MDCF), une organisation communautaire qui œuvre pour le développement et la démocratie en Birmanie. Elle a été condamnée à 4 mois de prison pour avoir organisé une protestation avec des bougies allumées pour appeler à la démission du gouvernement et soutenir la candidature d’Aung San Suu Kyi, leader de l’opposition, pour le remplacer.
NAY LIN DWE était un capitaine des forces aériennes sur la base de Myeik. Il a été arrêté et condamné à 20 ans de prison pour avoir publié sur un site internet des articles sur les offensives menées par les militaires sous la dictature.
SITHU SOE est journaliste pour l’hebdomadaire Unity Weekly. en juillet 2014, il a été condamné avec 4 autres journalistes à 10 ans de prison avec travail forcé pour « divulgation de secret d’Etat ». Les employés du Unity Weekly ont été jugé en vertu de la loi de 1923 sur les secrets d’état pour avoir publié un article accusant l’armée birmane d’utiliser des camps militaires au centre du pays, pour produire des armes chimiques. Leur peine a été réduite en appel à 7 ans de prison (notamment grâce à la pression internationale), mais les appels suivant ont été rejetés. Le gouvernement a confirmé l’existence d’une usine à munitions mais a rejeté les accusations de production d’armes chimiques, propos qui ne sauraient être vérifiés par une enquête indépendante et internationale, la Birmanie n’étant pas signataire de la Convention sur les Armes Chimiques.
MYINT SOE, leader de la faction armée de All Burma Student’s Democratic Front (ABSDF), a été arrêté en 2006 en tant que membre de l’organisation illégale de la minorité shan : Restoration Council of Shan State (armée shan aujourd’hui connue sous le nom de Shan State Army). Il a été accusé d’acte de violence à l’encontre d’étudiants qualifiés d’espions au service du gouvernement et de trahison et violence à l’encontre du gouvernement. Il a été condamné à la prison à vie.
Pour en savoir plus à propos de la situation des prisonniers politiques :
Le régime fait définitivement marche arrière en termes de libertés civiles et politiques
Une spirale sans fin pour les prisonniers politiques de Birmanie