Aung San Suu Kyi, leader de la Ligue Nationale pour la Démocratie, s’est récemment rendu aux États-Unis pour rencontrer le président Barack Obama. Alors qu’un récent rapport de Human Right Watch révélait que le gouvernement birman « prévoyait d’annoncer la levée des sanctions clés lors de la visite de la leader birmane Aung San Suu Kyi à Washington le 13 septembre », le président américain a confirmé ces prévisions lors de cette rencontre et les a acté en signant la levée des sanctions le 7 octobre 2016.
Préalablement à la rencontre, 46 organisations dont Info Birmanie ont co-signé un courrier à l’attention du président Obama pour lui exprimer leurs inquiétudes. En effet, malgré les avancées de la transition démocratique et les actions de consolidation de la paix menées en Birmanie depuis les élections de novembre dernier, certains sujets menacent la stabilité du pays. Les déplacés internes sont extrêmement nombreux, la minorité des rohingyas continue d’être persécutée, l’armée birmane poursuit ses exactions contre les civils, les femmes sont systématiquement exclues des pourparlers de paix et l’accès aux libertés fondamentales de milliers de personnes n’est pas assurée.
Le gouvernement américain, pour faire face aux nombreuses violations des droits humains, avaient mis en place des sanctions économiques. En réponse aux efforts de démocratisation débutés en 2011, les sanctions avaient été allégées afin de soutenir l’investissement dans le pays. Si la transition démocratique évolue significativement depuis l’arrivée au pouvoir de la LND, les signataires de la lettre avaient rappelé la nécessité de conserver ces dernières sanctions. Celles-ci ciblaient surtout les membres les plus riches et les plus corrompus de la société birmane. Alors qu’Aung San Suu Kyi avaient rappelé en août dernier : « il n’y a pas de raison de discuter la levée des sanctions parce que les sanctions sont imposées à ceux qui font obstructions aux évolutions démocratiques du pays, pas à tout le pays. Le parlement n’a donc pas besoin de les alléger immédiatement».
Les organisations signataires demandaient à ce que soit maintenues les sanctions jusqu’à ce que :
1) L’armée birmane cesse de violer les lois humanitaires internationales
2) Des progrès significatifs et observables se concrétisent pour les pourparlers de paix, en donnant la priorité à la société civile, aux femmes et aux jeunes.
3) Le gouvernement trouve une solution à l’absence de citoyenneté de la minorité Rohingya et les protège des persécutions.
4) Les bénéfices issus des ressources naturelles soient gérés correctement et partagés entre régions et gouvernement.
5) La constitution de 2008 soit réformée pour donner plus de pouvoir au peuple birman.
Malheureusement, le président des Etats-Unis a ignoré ces recommandations en annonçant à Aung San Suu Kyi que les sanctions seraient levées très prochainement. Il s’agissait des dernières sanctions économiques en vigueur envers la Birmanie. En effet, l’Union Européenne avait levé ses sanctions économiques envers la Birmanie en 2012. Leur présence permettait de conserver une certaine pression envers le gouvernement birman. Mais il semble que les États-Unis, suivant l’exemple de l’Union Européenne, favorisera les intérêts économiques aux dépens de ceux de la population birmane.
Lire le courrier des 46 organisations adressé au Président Obama (en anglais)