Info Birmanie est vivement préoccupée par le harcèlement judiciaire dont sont victimes les défenseurs les droits de l’homme en Birmanie. « Le gouvernement birman doit cesser toutes les formes d’intimidation, notamment les détentions arbitraires et le harcèlement judiciaire des défenseurs des droits de l’homme, ainsi que les restrictions et les accusations contre des manifestants pacifiques », a déclaré Info Birmanie.
La communauté internationale doit appeler la Birmanie à examiner toutes les lois identifiées comme n’étant pas en conformité avec les standards internationaux relatifs aux droits de l’homme, notamment la Loi sur les rassemblements pacifiques et les défilés, et entreprendre des réformes pour garantir l’indépendance, l’impartialité et la transparence du système judiciaire
Ces derniers mois, de nombreux activistes ont été arrêtés et poursuivis en vertu de la loi de 2011 sur les rassemblements pacifiques et les défilés, notamment dans le cadre de leur soutien aux populations locales contre le développement de projets industriels, d’infrastructures ou l’utilisation des ressources naturelles. Ces arrestations ont lieu en dépit des promesses du Président Thein sein annonçant la libération de tous les prisonniers politiques.
Récemment des activistes ont été arrêtés dans le cadre des protestations contre la mine de cuivre de Monywa. C’est le cas de Naw Ohn Hla et de 8 autres femmes qui organisaient une manifestation pacifique pour protester contre la mine de cuivre de Monywa. Elles ont été arrêtées le 13 août 2013.
Le 29 août, Naw Ohn Hla a été condamnée, après un procès extrêmement rapide, à deux ans de prison avec travaux forcés, en vertu de l’article 505 (b) du Code pénal, pour « déclarations ou rumeurs ayant pour but d’inquiéter le public« . Malheureusement sa condamnation, ne s’arrêtera pas là, elle sera prochainement jugée également en vertu de l’article 18 de la loi sur les manifestations et les rassemblements pacifiques.
Pour en savoir plus :
article de la Women’s League of Burma sur l’arrestation des activistes
article de l’Irrawaddy sur la condamnation de Naw Ohn Hla
En juin, des mandats d’arrêt ont aussi été émis contre trois défenseurs des droits de l’homme, Moe Thway, Wai Lu et Wai Hmuu Thwin, par le cour de Monywa en vertu de l’article 505 (b) du Code pénal, pour avoir commis ou d’inciter autrui « à commettre une infraction contre l’État ou contre la tranquillité publique». Ces mandats d’arrêt seraient liés aux commentaires faits par les défenseurs des droits de l’homme concernant le projet de mine de cuivre Letpadaung et les confiscations des terres des villageois.
Le projet de mine de cuivre de Monywa a été entaché par de nombreuses manifestations. Les militants contre la mine ont été victimes de harcèlement depuis que l’opposition au projet a débuté. Le 25 avril 2013, des policiers ont interdits les villageois de la région Letpadaung de pénétrer dans leurs champs pour les labourer, en vertu de l’article 144 du Code de procédure pénale. La police aurait alors ouvert le feu sur la foule et deux villageois ont été arrêtés, ainsi qu’un militant. Des mandats d’arrêt ont également été émis pour l’arrestation de huit autres militants et villageois.
Dix activistes sont aussi en cour de jugement pour avoir protestés, en avril dernier, contre le projet Shwe Gas, qui comprend la construction d’un oléoduc et d’un gazoduc traversant la Birmanie à destination de la Chine.
En juin dernier, de femmes activistes, Khin Mi Mi Khaing et Myint Myint Aye, ont été arrêtées dans la région de Bago pour avoir soutenu des agriculteurs dont les terres ont été confisquées par l’armée, il y a presque vingt ans.
Selon Info Birmanie, « s’il faut se réjouir des dernières libérations de prisonniers politiques, le nombre croissant de détentions arbitraires donne à réfléchir : depuis janvier 2012, il y a eu au moins 200 arrestations politiquement motivées ».
« Le gouvernement actuel utilise en effet la législation pour persécuter et intimider les personnes qui osent exprimer des opinions contraires aux intérêts de l’État. Les lois répressives sont toujours en place et donnent au gouvernement un cadre juridique lui permettant de procéder à des arrestations arbitraires et de mettre sous silence les voix dissidentes », a déclaré Info Birmanie.