Quels droits pour les paysans de Birmanie ?

Quels droits pour les paysans de Birmanie ?

70% de la population birmane est rurale et les paysans ne connaissent pas leurs droits. Comment peuvent-ils être protégés dans ces conditions ?

Les paysans ne connaissent pas leurs droits

Si le processus de démocratisation initié en mars 2011 par le Président Thein Sein a permis à la population d’acquérir de nouvelles libertés, elle est encore loin de pouvoir s’en saisir.

En effet, la population n’est pas informée du processus de changements. Mis à part les activistes et défenseurs des droits de l’homme, peu sont ceux qui connaissent leurs droits nouvellement acquis.

Les paysans, sont les premières victimes de ce manque d’information. Les organisations de la société civile qui travaillent avec eux sont trop peu nombreuses et trop faibles pour défendre leurs revendications. Il y a donc un besoin urgent d’éducation et de sensibilisation du peuple à ses droits, en particulier dans les zones rurales où même les autorités locales ne sont pas toujours informées.

Le FNI (Facilitators Network With ILO Upper Myanmar), est une organisation qui travaille avec les paysans au Nord de la Birmanie pour le compte de l’Organisation internationale du travail ), Elle essaie de réunir et mobiliser les paysans et incite le gouvernement à mettre en place des programmes pour protéger les paysans, les accompagner pour surmonter leurs difficultés et favoriser le passage d’une agriculture traditionnelle à une agriculture industrielle.

LES DROITS DES PAYSANS SELON LA LOI :

Extrait de la conférence du FNI sur les confiscations des terres dans le nord du pays (le 16/12/2013) : « Nous (les paysans) avons des droits » : « N‘ayez pas peur de les utiliser ! » « Le pouvoir est donné par le peuple au gouvernement, on ne devrait pas être effrayé ! » Il vaut mieux « gouverner qu’être gouverné ! Pour faire évoluer la situation, il faut compter sur soi ». « Si vous n’êtes pas d’accord avec les lois, il faut les changer en s’unissant ». « Il faut demander aux autorités locales de résoudre les problèmes et si elles ne le font pas, il faut s’adresser directement au plus haut niveau. » « Il ne faut pas avoir peur, et si certains vont en prison, le FNI ne les laissera pas tomber ». « Il faut commencer par connaitre ses droits et demander leurs application ! » :

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  • La possibilité d’emprunter 100 000 kyats par acre de terre. Pourtant personne n’en est informé ! Avec cet argent ils pourraient investir. Le gouvernement doit permettre à chacun de pouvoir emprunter aux banques et à un taux raisonnable.Avoir accès à une assurance : la loi est passée mais elle n’est pas appliquée. Les paysans ne bénéficient d’aucune assurance. En cas de désastre (en Birmanie les désastres naturels sont fréquents), ils perdent tout.
  • Former un syndicat agricole à partir de 10 acres : la plupart des paysans ne font partis d’aucun syndicat et n’ont pas suffisamment de terres pour en former un seul (en moyenne 5-6 par personnes). Ensemble ils peuvent réunir le nombre de terre exigé, s’organiser collectivement et avoir plus de poids.
  • Réclamer ses terres lorsqu’elles ont été confisquées : La loi précise que les terres ne peuvent pas être confisquées illégalement, elle prévoit des condamnations en cas de manquement à la règle et à mis en place un Comité pour les recours concernant les terres confisquées sous la junte militaire. Pourtant, les confiscations des terres, notamment par les autorités, continuent sous le régime actuel sous couvert de « l’intérêt national » : étendre les villes et l’activité économique des entreprises. Les recours sont lents et compliqués et beaucoup de paysans ne savent pas qu’ils y ont le droit ou sont trop effrayés.
  • Le droit de vendre, de prêter et d’utiliser ses terres librement : Les nouvelles lois sur les terres accordent ces libertés : les paysans peuvent choisir ce qu’ils cultivent (bien qu’en réalité ce soient les prix qui déterminent les cultures choisies) et ont le droit de décider de rester sur leurs terres.
  • La liberté d’expression et de manifestation : De vraies avancées ont été concédées au niveau des libertés politiques et sociales en Birmanie. Toutefois malgré les annonces du gouvernement, les lois répressives sont toujours en place et 200 paysans attendent leur procès pour avoir réclamé pacifiquement leur terre.

De nombreuses avancées sont aussi nécessaires pour améliorer les conditions de vie et de travail des paysans. En ce sens, le gouvernements birman devrait : 

Investir dans les transports : Pour les paysans la qualité des routes et des moyens de transport est essentielle : Avec des transports de qualité, il serait plus simple et moins coûteux de vendre leurs récoltes.

Investir pour l’électrification du pays : Le gouvernement devrait fournir l’électricité à tous. Dans la région de Sagaing, très peu de zones sont électrifiées. Avec l’accès à l’électricité, les paysans pourraient profiter des technologies et améliorer leur rendement, tout en rendant leurs conditions de travail moins difficile. Avec l’électricité les paysans pourraient avoir un meilleur accès à l’information et se renseigner davantage sur les outils et les méthodes pour augmenter leur productivité agricole.

Investir dans la santé : Il faut développer le nombre et la qualité des cliniques médicales. Aujourd’hui l’accès au soin est catastrophique, notamment dans les zones rurales.

Garantir un meilleur accès à l’eau : Les paysans sont confrontés à accès à l’eau limité  qui nuit directement à leurs récoltes. Celui-ci s’explique notamment par la consommation des entreprises industrielles. 50% des agriculteurs de la région de Sagaing, ne comptent pas sur une quantité d’eau suffisante pour travailler convenablement.

Organiser des formations et des actions de sensibilisation sur les droits des paysans: Les paysans doivent être informés sur la situation et leurs moyens d’action. Actuellement il est plus facile pour les ouvriers d’avoir accès à ce type de sensibilisation/formations car ils vivent en ville. Pour les paysans c’est beaucoup plus difficile, et donc rare.

Fixer des prix justes pour les cultures des paysans : Ceux-ci ne font pas partis de réseaux internationaux, n’ont pas accès aux technologie de l’information et ont une très mauvaises connaissance des prix des marchés. ils ont donc du mal à savoir à combien ils peuvent vendre leur récoltes, sans se faire avoir. Le gouvernement doit établir pour eux des prix justes.

Investir dans les technologies : Le gouvernement doit favoriser le progrès technologique dans le domaine de l’agriculture ainsi que l’accès aux outils modernes car actuellement les connaissances des paysans se limitent aux techniques traditionnelles et ils n’ont pas les moyens d’acquérir les outils nécessaires à une modernisation. Ils passent beaucoup de temps à préparer la terre, alors qu’avec des machines se serait beaucoup plus efficace. L’accès aux technologies de l’information et de la communication leur permettrait d’être mieux renseigner sur les différentes cultures, semences, prix de marché,

Favoriser la microfinance : Les paysans ont besoin de programme de micro finance pour pouvoir emprunter de petites sommes à taux réduit (8% maximum par an contre 15-20% aujourd’hui) afin de développer leur activité ou de faciliter leur travail.

En savoir plus:

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