Paris, le 25 juin 2012. Alors que Madame Aung San Suu Kyi achève sa tournée historique en Europe par une visite de 3 jours à Paris, les organisations françaises et internationales de défense des droits de l’Homme l’accueillent chaleureusement et souhaitent faire écho à son message appelant à des réformes durables, et au renforcement de l’état de droit en Birmanie. A ce jour, de nombreux signes indiquent que le processus de transition en cours dans le pays demeure fragile et incertain. La communauté internationale doit continuer à apporter un soutien actif à la population birmane, notamment aux réfugiés et déplacés internes, ainsi qu’aux défenseurs des droits de l’Homme basés à l’intérieur du pays et le long de ses frontières.
La visite de Madame Aung San Suu Kyi en Europe a une forte portée politique dans le contexte des réformes mises en œuvre en Birmanie, et de son ouverture diplomatique. La libération en janvier dernier de prisonniers politiques emblématiques et la participation de la Ligue nationale pour la démocratie aux élections partielles du 1er avril ont été suivies par un assouplissement des sanctions par les États-Unis, l’Union Européenne, le Canada, l’Australie et la Norvège. La Japon a annulé 60% de la dette birmane et a rétabli son assistance financière. Cependant, plus de 400 prisonniers politiques demeurent en détention, et ceux qui ont été récemment libérés n’ont pas retrouvé la totalité de leurs droits civils et politiques. La communauté internationale doit répondre à l’appel de Madame Aung San Suu Kyi lancé lors de son discours d’acceptation du prix Nobel de la Paix à Oslo et appeler à la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques. Les réformes judiciaires sont encore très limitées et les autorités continuent à réprimer les manifestations populaires appelant au respect des droits économiques et sociaux de la population.
“Ces dernières semaines ont été marquées par une recrudescence des violences communautaires dans l’État d’Arakan, et par l’intensification des conflits dans l’État Kachin et au Nord de l’État Shan. Ces événements renforcent l’urgence de l’appel de Daw Aung San Suu Kyi pour de véritables réformes, afin de garantir la justice et protéger tous les habitants de la Birmanie de toutes les formes de violations”, a déclaré Debbie Stothard, secrétaire générale-adjointe de la FIDH et coordinatrice d’Altsean-Burma.
“La FIDH appelle à une grande prudence concernant l’allègement des sanctions économiques et l’augmentation des investissements étrangers en Birmanie. L’absence d’un système judiciaire indépendant, le manque de transparence des entreprises d’État impliquées dans les contrats d’exploitation du gaz et du pétrole, et les méga-projets de développement créent un environnement risqué pour les investissements étrangers dans ces secteurs, pouvant mener à de sérieuses violations des droits humains”, a ajouté Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.
“La suspension des sanctions devrait s’accompagner de conditions à remplir, telles la libération de tous les prisonniers politiques et la fin de toutes violations du droit humanitaire et du droit international des droits de l’Homme dans les zone peuplées par les minorités ethniques”, a déclaré Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme.
“Lors de sa tournée en Europe, Aung San Suu Kyi a souligné que la réconciliation nationale et la reconstruction de la Birmanie requièrent un effort global de toutes les parties concernées. Elles ne devraient pas reposer uniquement sur deux individus – Madame Aung San Suu Kyi et le Président Thein Sein – mais inclure toute la population, dont les exilés et les réfugiés”, a annoncé Mathieu Flammarion, président d’Info Birmanie.
Contact Presse:
Arthur Manet (FIDH): +33 6 72 28 42 94, amanet@fidh.org
Célestine Foucher (Info Birmanie): +33 6 14 93 08 50, infobirmanie@gmail.com
Anne Garacoïts (LDH): +33 1 56 55 51 08; anne.garacoits@ldh-france.org