Lors de sa visite en Europe en juillet 2013, le président Thein Sein s’était engagé devant François Hollande à libérer tous les prisonniers politiques.
Pourtant tout au long de l’année écoulée le gouvernement birman a continué de harceler les voix dissidentes. Il a ciblé spécifiquement les personnes s’élevant contre les violations des droits de l’homme résultant de projets industriels menés par le gouvernement birman et soutenus par des entreprises étrangères. Il a également arrêté des centaines d’individus issus des minorités ethniques pour des raisons politiques.
Le 11 décembre – jour de l’ouverture des 27ème jeux d’Asie du Sud Est en Birmanie – Il a ordonné la libération de 41 prisonniers politiques. Parmi eux, les militants Htin Kyaw et Thein Aye, relâchés puis de nouveau arrêtés quelques heures après leur libération. Cette stratégie du gouvernement qui consiste à libérer les prisonniers politiques et à les arrêter de nouveau a largement été utilisée cette année pour faire taire les militants.
Le 30 décembre Thein Sein a ordonné la libération de tous les détenus condamnés ou en attente d’être jugé pour trahison, sédition, manifestation illégale et d’autres lois utilisées par la junte contre ses opposants. Il n’a toutefois pas précisé combien de prisonniers étaient concernés ni quand ils seraient libérés. Suite à cette seconde amnistie, son porte-parole, Ye Htut, a déclaré que la promesse du Président avait été tenue et qu’ « il n’y avait plus de prisonniers politiques » en Birmanie.
Pourtant, personne n’a eu accès à la liste des prisonniers libérés et selon l’Association pour les Prisonniers Politiques en Birmanie (AAPPB), au moins une trentaine de prisonniers politiques sont toujours derrière les barreaux. Ils seraient bien plus nombreux en réalité : un nombre inconnu de membre de la minorité Kachin est en prison et le gouvernement refuse d’inclure les Rohingyas à la liste des prisonniers politiques. Enfin, une centaine d’activistes sont toujours dans l’attente de leur procès.
Les autorités ne permettent pas qu’une investigation libre soit menée pour vérifier le nombre réel de prisonniers politiques encore enfermés. Enfin, les lois répressives sont toujours en place et les récentes amnisties ne concernent pas les personnes qui seront arrêtées et jugées après le 1er janvier 2014…
Au mois de décembre 2013, 12 personnes ont déjà été arrêtées et/ou inculpées et 15 ont été jugées en raison de leur activité politique (dont 9 à des peines de prison ferme).
L’engagement de Thein Sein auprès du Président français n’a donc pas été respecté.
Pour en savoir plus:
– Lire le communiqué du 21 décembre: « Il est temps de libérer tous les prisonniers politiques et de cesser les arrestations arbitraires ! »