Info Birmanie condamne la violence dont fait preuve le gouvernement birman à l’encontre des étudiants et de leurs soutiens ainsi que les attaques brutales et sans discernement de la police et des forces de sécurité contre les étudiants, les moines et les résidents qui exercent pacifiquement leurs droits civils et politiques. Nous appelons la France à agir fermement pour que le gouvernement birman mette fin aux répressions des manifestations pacifiques et libère les étudiants arrêtés. La France doit cesser de privilégier ses intérêts économiques et reconnaitre le recul des réformes en Birmanie.
Le 2 mars, un groupe de 150 étudiants, rassemblés dans un monastère à Letpadan pour contester la loi sur l’éducation adoptée en septembre 2014, s’est retrouvé encerclé par quelques 300 policiers et interdits de manifester. Info Birmanie, préoccupée par la montée des tensions, avait demandé au gouvernement français d’appeler les autorités birmanes à ne pas recourir à la violence contre ces manifestants pacifiques.
Le 5 mars, les étudiants, toujours encerclé à Letpadan, ont entamé une grève de la faim. Des étudiants et sympathisants de Rangoun ont organisé une manifestation pour les soutenir. La police de Rangoun a violemment réprimé ce signe de solidarité, faisant plusieurs blessés et arrêtant une dizaine de personnes.
La France s’est alors dit « préoccupée par le recours à la violence pour réprimer des manifestations étudiantes pacifiques en Birmanie » mais n’a pris aucune mesure pour condamner plus fermement les agissements du gouvernement birman.
Mais le lendemain, à Letpadan, les forces de l’ordre ont violemment dispersé les étudiants qui manifestaient près du monastère. 5 étudiants ont été arrêtés puis relâchés.
Le 10 mars, à peine quelques heures après que les leaders étudiants soient parvenus à un accord avec le gouvernement, autorisant notamment les manifestants à reprendre leur marche jusqu’à Rangoun, la police a violemment attaqué les étudiants, toujours encerclés à Letpadan. 127 étudiants, journalistes et moines ont été arrêtés et la police a utilisé des bâtons pour battre les manifestants, les villageois et les ambulanciers qui tentaient de leur porter secours. Ces méthodes font penser à celles utilisées par la junte militaire il y a quelques années.
Le porte parole du gouvernement et ministre de l’information Ye Htut a parlé « d’incident regrettable » pour évoquer les brutalités policières à Letpadan. Il a indiqué que la police était obligée de « disperser les étudiants » qui tentaient de retirer les barricades empêchant les marcheurs de poursuivre leur progression vers Rangoun.
Il est tout à fait incohérent pour un gouvernement assurant vouloir établir la démocratie, de traiter ainsi des protestations pacifiques et légitimes. Tandis que le droit d’organiser de telles manifestations est le signe d’avancées démocratiques, les réprimer constitue un véritable retour en arrière. Cela renforce le sentiment que le gouvernement se cache derrière une façade démocratique pour obtenir une légitimité politique auprès de la communauté internationale et poursuivre son ouverture économique.
Alors que l’Union Européenne a consacré une enveloppe de 10 millions d’euros au soutien de la réforme de la police birmane dans le domaine de la maîtrise des foules, la répression des manifestations du mois de mars devrait être condamnée plus fermement. L’UE, les USA et le Royaume-Uni se sont exprimés sans prendre de mesures, tandis que la France est restée silencieuse. Alors que le gouvernement français fait de la liberté d’expression et de manifestations « les fondements de toute société démocratique », il doit admettre que les réformes reculent et que le processus de paix n’est pas sur la bonne voie en Birmanie.
Il doit également appeler le gouvernement birman à :
- Faire cesser immédiatement ces violences, intimidations et arrestations ;
- Condamner toute restriction des droits civils et politiques fondamentaux ;
- Abandonner les charges retenues contre les personnes arrêtées lors des manifestations étudiantes ;
- Amender la loi sur l’éducation en tenant compte des recommandations de la société civile birmane ;
- Enquêter sur les violences et punir les responsables.
Pour en savoir plus:
Communiqué commun de 127 organisations de la société civile birmane et internationale (dont Info Birmanie) pour appeler le gouvernement birman à cesser de recourir à la violence pour réprimer les manifestations pacifiques : lire