Alors que le gouvernement a annoncé mardi 28 que la tenue de la conférence de Panglong du XIXème siècle, pour la paix, se tiendrait au plus tard la dernière semaine d’août, les négociations entre les groupes non-signataires du cessez-le-feu et l’armée birmane avancent difficilement. Les tensions entre groupes ethniques armés et les confrontations avec l’armée persistent dans les états Shan et d’Arakan avec leurs lots de violations des droits de l’homme à l’encontre des civils et on ne sait toujours pas si tous les groupes ethniques armés pourront participer à la conférence. Les huit groupes signataires du cessez-le-feu de novembre 2015 se sont par ailleurs réunis à Chiang Mai (Thaïlande) pour discuter de leurs demandes en vue des pourparlers de paix.
Le gouvernement de la Ligue Nationale pour la Démocratie a créé une délégation pour la paix dirigée par le Dr Tin Myo Win. Celle-ci a la charge des négociations de paix avec la douzaine de groupes ethniques armés qui n’ont pas signé l’accord de cessez-le-feu dit « national » (NCA) avec l’armée birmane, au mois d’octobre 2015. C’est l’une des deux instances qui forment la fondation pour la conférence de Panglong du XXIe siècle, qui doit se tenir au mois d’août.
Un autre comité est dirigé par le lieutenant-général Yar Pyae, de l’armée birmane, et est responsable de la supervision des huit groupes qui ont déjà signé le NCA.
La délégation pour la paix du gouvernement birman, a enjoint trois groupes armés, des ethnies d’Arakan, Palaung et Kokang, de ne pas attaquer l’armée birmane et de déposer les armes, pour pouvoir être invités à rejoindre la conférence de paix à venir. Elle a annoncé que ce serait le chef de l’armée birmane, Min Aung Hlaing, qui donnerait son feu vert aux trois groupes armés pour qu’ils puissent rejoindre les négociations de paix. S’ils acceptent de désarmer, ils pourraient également être invités à signer le NCA, toutefois, comme le lieutenant-général Mya Tun Oo, l’avait déjà évoqué en mai, l’armée birmane ne négociera pas avec eux s’ils n’acceptent pas ces conditions.
Au cours de son voyage dans l’état Shan, la délégation pour la paix a rencontré, séparément, les leaders de ces trois groupes ethniques exclus du processus de paix et toujours en guerre avec l’armée birmane : la Ta’ang National Liberation Army (TNLA), l’Arakan Army(AA) et la Myanmar National Democratic Alliance Army (MNDAA).
Mardi Tar Bong Kyaw, secrétaire général de la TNLA, a déclaré au journal l’Irrawaddy, « La délégation veut que nous fassions un communiqué de presse sur le désarmement et l’arrêt des attaques envers l’armée birmane. ». Toutefois ces trois groupes ont toujours affirmés qu’ils ne comptaient pas déposer les armes temps qu’un dialogue politique équitable n’aurait pas eu lieu.
La TNLA, l’AA et la MNDAA sont membres d’une alliance d’une dizaine de groupes armés, l’United Nationalities Federal Council, mais ont récemment déclaré qu’ils souhaitaient s’en désengager pour s’allier avec la United Wa State Army (UWSA), le groupe ethnique armé le plus puissant en Birmanie et la National Democratic Alliance Army, un autre groupe armé proche de la Chine.
Par ailleurs, des sources venant de la frontière chinoise ont affirmé à l’Irrawaddy que des membres de la délégation, qui sont également des officiels de l’armée, ont demandé à l’UWSA de se retirer de la frontière thaïlandaise. En mai, les représentants militaires Thaïs avaient demandé à leurs homologues birmans de les aider à convaincre l’UWSA d’abandonner ses bases sur la frontière, affirmant que certaines étaient sur le territoire thaï.
L’UWSA aurait répondu qu’ils ne pouvaient pas bouger de leurs avant-postes militaires parce qu’ils étaient basés là depuis des années. Par ailleurs, l’UWSA aurait demandé à la délégation pour la paix d’inclure les trois groupes exclus, aux pourparlers de paix et aux réunions pour qu’un accord national de cessez-le-feu puisse être effectivement conclu.
A l’approche de la conférence du XXIème siècle, les tensions ne portent pas que sur les relations entre groupes ethniques armés et armée birmane, mais également entre société civile et gouvernement birman. S’exprimant avant le forum de la jeunesse du Myanmar qui s’est tenu à Monywa le 11 juin, Ko Ko Gyi, ancien activiste étudiant de 1988, et représentation de « 88 Generation Peace and Open Society », a déclaré qu’il est essentiel que la société civile et les jeunes soient impliqués dans l’actuel processus de paix nationale. Les groupes de la société civile ne participeront pas à la prochaine conférence de Panglong à cause de la nouvelle politique mise en œuvre par Aung San Suu Kyi.
Info Birmanie, d’après SHAN et l’Irrawaddy.