Info Birmanie s’inquiète face à la montée des violences visant la minorité Karen, dans l’est de la Birmanie. Depuis octobre 2014, le conflit qui oppose les différents groupes armés karen à l’armée birmane est en pleine recrudescence. Après deux ans de cessez-le-feu et de relative stabilité, la présence militaire birmane s’est de nouveau renforcée, conduisant à plusieurs épisodes de violences, notamment dans le district de Hpa An.
Deuxième minorité ethnique de Birmanie, dont le nombre varie entre trois et sept millions selon les estimations, le peuple Karen subit depuis l’indépendance du pays un conflit considéré comme la plus longue guerre civile en cours dans le monde. Malgré plusieurs cessez-le-feu, les combats et les exactions de l’armée birmane continuent de faire toujours plus de victimes civiles. La population karen subit de nombreuses violations des droits de l’homme, qualifiées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité : meurtres, viols, déplacements forcés et confiscation de terres, travail forcé…
Ces violences ciblent les Karen pour leur appartenance ethnique mais également religieuse, 20% d’entre eux étant chrétiens. Les activités illégales, comme le trafic de drogues, ainsi que le projet de construction de barrages sur la rivière Salween, montrent que cette région représente également un enjeu stratégique et économique pour le gouvernement birman et son partenaire commercial, la Thaïlande.
Selon Karen Rivers Watch, une organisation locale, la reprise du conflit en octobre, a forcé plus de 2000 personnes à fuir, certaines restant toujours cachées dans la jungle sans aucune assistance humanitaire.
On estime toujours actuellement à plus de 140 000 personnes le nombre de Karens réfugiés en Thaïlande et regroupés dans des camps le long de la frontière. Il est aujourd‘hui question de faire revenir les réfugiés en Birmanie. Cependant les derniers épisodes de violence dans la région montrent que le gouvernement birman ne respecte pas les accords et les pourparlers en cours, et que la sécurité de la population n’est pas assurée.
Info Birmanie estime nécessaire de dénoncer les conflits ciblant les minorités ethniques et les violences dont la population civile est la principale victime afin de rappeler que l’avancée démocratique de la Birmanie n’est pas assurée et que de nombreux crimes contre l’humanité sont toujours commis. Plusieurs minorités ethniques du pays subissent encore aujourd’hui de graves violences au quotidien, en particulier les Kachins et les Rohingyas.
Info Birmanie appelle le gouvernement français à condamner lourdement les violations des droits de l’Homme commises contre les karens et toutes les minorités ethniques de la Birmanie. Le gouvernement birman cherche à obtenir des accords de cessez-le-feu avec les différents groupes armés ethniques pour satisfaire la communauté internationale mais il refuse d’engager un véritable dialogue politique avec elles. Les conflits qui durent depuis plus de 50 ans, ne pourront se solutionner sans dialogue ni considération des revendications des minorités ethniques. Pour parvenir à une situation de paix, le gouvernement birman doit commencer par écouter son peuple.
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