Aung San Suu Kyi a lancé un nouveau cycle de négociations de paix à travers la Conférence de Panglong pour le XXIe siècle, dans un objectif de réconciliation nationale, véritable enjeu des dernières élections qui ont mené son parti au pouvoir, et sujet brulant de l’actualité. La première conférence, qui a eu lieu à la fin du mois d’août 2016, avait suscité de nombreux espoirs mais le résultat a été décevant.
Ce nouveau cycle de négociations, qui réunit autour d’une table militaires, gouvernement civil, parlement, partis politiques, organisations ethniques, groupes ethniques armés ainsi que quelques observateurs de la société civile, vise à débattre les bases d’une Union Démocratique Fédérale. Reste à savoir sous quelle forme… La deuxième Conférence, initialement prévue le 28 février, vient d’être reportée à une date encore inconnue à la mi-Mars en raison de journées commémoratives de différents États et de réunions planifiées par les organisations ethniques qui auront lieu fin février dans les États Chin et Shan et au mois de mars pour le Congrès de l’Union Nationale Karen.
Les espoirs suscités par cette nouvelle dynamique ont laissé place aux doutes. Outre les maladresses qui ont accompagné la première rencontre et qui ont mené l’armée Wa, groupe ethnique armé le plus puissant du pays, à quitter la conférence, le contenu des discussions était limité. Les différentes parties prenantes ont pu exprimer leurs attentes quant au dialogue politiques, et nombreuses sont celles qui ont dénoncé l’absence de débat.
Le problème majeur de ce nouveau cycle est qu’il n’est pas si nouveau. Les problématiques restent les mêmes car il se base sur le cadre utilisé pour le processus de paix débuté sous le mandat du président Thein Sein. Cette conférence de Panglong a été annoncée par Aung San Suu Kyi sans en expliquer la raison et sans préciser la place dont les militaires allaient disposer, ce qui est problématique.
Un processus inclusif est la clé de toute avancée. Pourtant, ce n’est pas le cas. Pour la première conférence, les conditions de participation aux négociations de chaque groupe ethnique armé étaient différentes : quand certains reçoivent un traitement spécial et sont souvent reçus à Nay Pi Daw, d’autres n’ont pas été invités sous pression de l’armée.
Et depuis, Aung San Suu Kyi a annoncé que seuls les groupes ethniques armés signataires de l’accord de Cessez-le-feu national de 2015 pourraient participer à cette conférence. C’est une douzaine de groupes ethniques armés, dont la Kachin Independance Organization et la United Wa State Army, qui n’ont pas signé cet accord. Il semble que plus le temps passe et moins ces négociations de paix sont inclusives, alors que les enjeux sont de taille.
Suite à la première Conférence de Panglong, les conflits n’ont cessé de s’intensifier dans l’État Kachin et dans le nord de l’État Shan, l’armée birmane n’hésitant pas à utiliser de l’artillerie lourde afin de reprendre des postes de contrôle des groupes ethniques armés composant l’Alliance du Nord. Ces groupes, en conflit actif avec l’armée birmane, ne sont pas signataires du Cessez-le-feu étant donné le sens unique du contrat et l’intensité des combats. Ainsi, ils ne sont pas les bienvenus à la prochaine Conférence de Panglong.
Depuis l’arrivée au pouvoir de la LND, les violations des droits de l’homme se sont multipliées. Ces violations sont principalement subies par les groupes ethniques et l’impunité dont bénéficie l’armée birmane crée un cycle de violences dont l’horizon semble lointain. Tant que les abus et exactions perpétrées continueront, il sera difficile pour les minorités ethniques de croire au processus de paix entamé à travers la Conférence de Panglong pour le XXIe siècle.
Article par Mary Genatzy (bénévole pour Info Birmanie)