En cette Journée Internationale des droits de l’Homme, le 10 décembre 2017, les enjeux auxquels fait face la Birmanie en matière de protection et respect des droits de l’homme restent immenses. La Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) a fêté les deux ans de sa victoire aux élections l’amenant au pouvoir mais les espoirs de la population birmane et de la communauté internationale restent pour l’instant déçus.
L’armée conserve sa mainmise sur les affaires politiques et économiques du pays, tout en commettant des crimes en tout impunité à travers le pays.
Début décembre 2017, l’on dénombre plus de 620,000 réfugiés Rohingya ayant traversé la frontière avec le Bangladesh depuis le 25 août 2017. Des rapports de l’ONU et d’organisations internationales révèlent que les forces de sécurités birmanes ont commis des crimes contre l’humanité à l’encontre de la minorité musulmane Rohingya. A travers le pays un sentiment antimusulman se propage tandis que la situation des minorités religieuses continue de se détériorer.
Alors que le processus de paix est au point mort, les états Shan et Kachin sont toujours en proie à des conflits actifs. Les populations civiles souffrent des actes de violence commis d’une part par l’armée birmane qui n’hésite pas à lancer des offensives à proximité des populations civiles, mais aussi par les groupes ethniques armés. Entre janvier et août 2017, plus de 12 000 personnes ont été déplacées à cause des violences tandis que près de 98 000 individus vivent durablement dans des camps depuis 2011.
Les réformes législatives sont plus que jamais nécessaires. La Constitution de 2008 accorde à l’armée le contrôle de trois ministères clés ainsi que 25% des sièges au Parlement du pays. De nombreuses lois existantes violent les standards internationaux tandis que la promulgation de nouvelles lois délaisse la consultation avec la société civile birmane. Les quatre lois promulguées en 2015 pour la « protection de la race et de la religion » heurtant les droits des femmes et des minorités religieuses, n’ont toujours pas été abrogées.
Dans le classement mondial de la liberté de la presse de 2017, la Birmanie est classée 131ème sur 180 pays. La diffamation est toujours criminalisée et permet aux autorités birmanes de contraindre au silence toute critique. Entre avril 2016 et mi-août 2017, 84 plaintes ont été déposées en vertu de l’article 66(d) de la loi sur les télécommunications, dont 18 contre des journalistes.
Les graves violences et les violations des droits de l’Homme qui sévissent à travers le pays ne peuvent plus rester impunies. Tandis que les organes d’enquêtes nationaux se révèlent partiaux et inefficaces, le gouvernement birman a rejeté toute coopération avec la mission d’établissement des faits établie par les Nations Unies en mars 2017. Apporter aux victimes réparations et reconnaissance est pourtant crucial dans le processus de transition démocratique de la Birmanie.