Le conseil des ministres européens a renouvelé hier lors d’une session de travail au Luxembourg la position commune européenne sur la Birmanie, et a réaffirmé sa position de fermeté à l’égard des généraux birmans en prolongeant d’un an le régime de sanctions politiques et économiques.
Communiqué de Presse
Le pouvoir dictatorial birman avait appelé à la levée des sanctions européennes. Certains gouvernements européens étaient également favorables à l’assouplissement des sanctions, alors même que le régime birman a ignoré toutes les demandes formulées par l’Union européenne sur les droits de l’homme et les réformes politiques.
« Le renouvellement de la position commune européenne, et le maintien des mesures restrictives, est une bonne nouvelle » déclare Isabelle Dubuis, coordinatrice d’Info Birmanie. « Il serait irresponsable à ce stade de lever les sanctions européennes, le régime birman n’ayant montré aucune volonté tangible d’amélioration de la situation des droits de l’homme, et imposant depuis peu des contraintes supplémentaires aux acteurs humanitaires présents sur le terrain. Néanmoins, nous serions favorables à l’utilisation des sanctions dites ‘intelligentes’, appliquées de façon plus pointue et combinées à une pression diplomatique. »
Info Birmanie et le réseau européen de soutien aux démocrates birmans appellent à la mise en œuvre de sanctions très précises et ciblées qui frapperaient les généraux et leurs acolytes, et qui seraient en relation directe avec les démarches politiques telles que les visites d’émissaires de l’ONU, afin que ces sanctions soient un outil de pression non seulement économique mais aussi politique.
Le Conseil de l’Union européenne a justifié le maintien de sa position au regard des graves problèmes auxquels la Birmanie est confronté. Le Conseil a notamment souligné le besoin d’ouverture politique et la nécessité de dialoguer avec les membres de l’opposition démocrate et les leaders des minorités ethniques. Il a appelé à la libération d’Aung San Suu Kyi et de l’ensemble des prisonniers politiques, et ce afin de garantir la crédibilité du processus politique actuel qui mènera à des élections générales en 2010.
Le Conseil a également rappelé sa préoccupation quant aux violations généralisées des droits de l’homme et en particulier celles qui touchent aux droits des minorités ethniques (apatridie des Rohingyas, etc).
Enfin, le Conseil a réitéré sa volonté de réviser à tout moment sa politique de sanctions à l’égard de la Birmanie dès lors que les autorités birmanes manifesteraient un réel geste d’ouverture, et il s’est dit prêt au dialogue par la voix de l’émissaire européen, M. Piero Fassino, celle de l’émissaire du Secrétaire général de l’ONU, M. Gambari, et enfin par l’intermédiaire de la délégation européenne qui assistera au sommet ASEM (sommet Asie-Europe) en mai prochain à Hanoï. L’implication des acteurs régionaux de l’ASEAN, de la Chine et de l’Inde semble essentielle à la transition pacifique souhaitée par l’Union européenne, et cette dernière continue d’encourager toutes les initiatives régionales allant dans ce sens.
Ci-dessous les conclusions du Conseil sur la Birmanie lors de la session du 27 avril 09 tenue à Luxembourg.
Contact :
Isabelle Dubuis
INFO BIRMANIE
74, rue Notre Dame des Champs
75006 Paris
Tel : 01.46.33.41.62
Conclusions du Conseil sur la Birmanie/le Myanmar
2938ème session du Conseil AFFAIRES GENERALES
Luxembourg, le 27 avril 2009
Le Conseil a adopté les conclusions suivantes:
« 1. Le Conseil réaffirme que l’Union européenne se tient fermement aux côtés du peuple birman/du Myanmar en vue d’assurer une transition pacifique vers un système de gouvernement légitime et civil, de lutter contre la pauvreté et d’améliorer la situation sociale et économique de la population. Le Conseil est conscient que les défis politiques et socioéconomiques auxquels le pays est confronté ne peuvent être relevés que par l’instauration d’un véritable dialogue entre toutes les parties prenantes, y compris celles qui sont issues des groupes ethniques. Le Conseil note toutefois que les autorités de la Birmanie/du Myanmar doivent encore prendre les mesures nécessaires pour que les élections prévues en 2010 soient crédibles, transparentes et ouvertes à tous, et conformes aux normes internationales. Le Conseil demande la libération de Daw Aung San Suu Kyi et de tous les autres prisonniers et détenus politiques.
2. Dans ces circonstances, le Conseil juge nécessaire de proroger d’un an la position commune de l’UE actuellement en vigueur, y compris les mesures restrictives. Le Conseil souligne qu’il est prêt, en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain, à réviser, à modifier ou à renforcer les mesures qu’il a déjà adoptées. Le Conseil répète que l’UE est prête à répondre d’une façon positive à tout progrès réel qui interviendrait en Birmanie/au Myanmar.
L’UE reste ouverte au dialogue avec les autorités de la Birmanie/du Myanmar et est prête à les rencontrer au niveau ministériel, en marge de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’ASEM, qui se tiendra à Hanoï en mai 2009.
3. Le Conseil engage le gouvernement de la Birmanie/du Myanmar à intensifier son dialogue avec la communauté internationale afin d’oeuvrer en faveur d’une transition pacifique vers la démocratie. Le Conseil réaffirme le soutien de l’UE à la mission de bons offices entreprise par le Secrétaire général des Nations unies et son conseiller spécial, M. Gambari, et salue leur engagement personnel constant en faveur du processus politique. L’UE continuera de soutenir l’action du Groupe des amis du Secrétaire général et d’intensifier le dialogue qu’elle a noué avec les principaux acteurs concernés, y compris l’ASEAN et ses États membres, les États-Unis, la Chine, l’Inde et le Japon, sur cette question et sur ses implications pour la région. L’UE encourage les autorités de la Birmanie/du Myanmar à engager un véritable dialogue avec les Nations unies. À cet égard, le Conseil déclare soutenir sans réserve le travail que l’envoyé spécial de l’UE, M. Piero Fassino, accomplit sans relâche à l’appui des efforts déployés par les Nations unies et en concertation avec les partenaires asiatiques, et invite, dans ce contexte, les autorités de la Birmanie/du Myanmar à coopérer avec lui.
4. Le Conseil se félicite de l’adoption de la résolution 10/27 du Conseil des droits de l’homme des Nations unies et engage les autorités de la Birmanie/du Myanmar à s’y conformer, en pleine coopération avec le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, M. Quintana; le Conseil se félicite à cet égard que le mandat de M. Quintana ait été prolongé. Le Conseil, préoccupé notamment par la situation de la minorité ethnique des Rohingyas, au nord de l’État d’Arakan, s’inquiète que les minorités ethniques de la Birmanie/du Myanmar soient privées de leurs droits fondamentaux et engage les autorités à reconnaître le droit à la citoyenneté des membres de ces minorités ainsi qu’à protéger les droits de l’homme dans leur intégralité en ce qui les concerne.
5. Le Conseil se félicite de la prolongation du mandat du groupe tripartite chargé de coordonner les efforts de reconstruction après le passage du cyclone Nargis et espère que ledit groupe pourra continuer de jouer efficacement son rôle pour faciliter l’acheminement de l’aide internationale. Dans ce cadre, il est indispensable de maintenir un accès sans restrictions pour les agences humanitaires. L’UE rappelle qu’elle joue, à l’égard de la Birmanie/du Myanmar, un rôle majeur et sans cesse croissant en tant que bailleur de fonds, et qu’elle est prête à renforcer son aide en faveur de la population du pays. »