Info Birmanie est profondément attristée par le décès de U Win Tin, journaliste, écrivain et fervent défenseur des droits de l’homme et de la démocratie en Birmanie. Il s’est éteint le 21 avril à l’âge de 84 ans.
Bien qu’il n’ait pas vu son rêve d’une Birmanie libre et vraiment démocratique se réaliser de son vivant, son engagement inébranlable pour la démocratie et les droits de l’homme en Birmanie ne sera jamais oublié.
Il a passé 19 ans en prison de 1989 à 2008. Son combat sans relâche contre l’oppression et la tyrannie de la junte militaire a fait de lui l’un des plus courageux activistes politiques du pays, mais aussi l’un des plus humble et sage. Win Tin était toujours l’une des critiques les plus virulentes du gouvernement actuel, ne reconnaissant pas l’élan de réformes de ces trois dernières années comme un processus sincère et démocratique.
Voici quelques-unes de ces récentes déclarations sur le régime :
« Je ne crois pas à la sincérité des réformes, tout est fait pour maintenir au pouvoir les militaires d’une manière ou d’une autre, tout est fait pour garder cette constitution qui leur est favorable. »
« Nous qui avons combattus pendant cinq décennies pour la démocratie et la liberté contre les dictatures militaires, nous nous sentons trompés. Tout comme est trompée aujourd’hui la communauté internationale. Les changements ne sont pas assez tangibles, les réformes pas assez profondes politiquement et économiquement. »
« Thein sein a simplement changé la mélodie, mais la musique elle reste toujours la même, c’est toujours de la musique militaire »
Ses 19 années passées derrière les barreaux, lui confère le triste titre du prisonnier politique qui a passé le plus de temps en prison.
U Win Tin est né le 12 mars 1930. Il commence sa carrière de journaliste en 1951. Dans les années 70 il devient rédacteur en chef d’un journal de Mandalay, le Hanthawaddy, jusqu’à ce sur le Général Ne Win ordonne sa fermeture en 1978. En 1988, il fait partie des membres fondateurs de la Ligue Nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi.
Il est arrêté en 1989 dans le cadre de la répression de la junte militaire contre les membres de la LND. Il est alors condamné à trois ans de prison. En juin 1992, quelques mois avant l’expiration de sa peine, il est de nouveau jugé et condamné à une peine additionnelle de onze ans pour « incitation à la violence ». En 1996, il est condamné à une nouvelle peine de sept ans pour avoir tenté d’informer les Nations Unies sur les épouvantables conditions de détention en Birmanie.
En prison, il a été torturé et envoyé en cellule d’isolement à de nombreuses reprises.
U Win Tin, n’a pour autant jamais cesser d’écrire des poèmes et des articles politiques. Il s’est vu décerner de nombreux prix honorifiques. À plusieurs occasions, il a refusé les offres de libération anticipée de la junte militaire, qui l’obligeait à signer un document lui demandant de cesser ses activités politiques en échange de sa libération.
Une fois libre en 2008, il a repris ses activités politiques aux côtés de la LND. U Win Tin n’a jamais cessé de se battre pour les droits de l’homme en Birmanie, notamment pour la libération des prisonniers politiques. Symboliquement, il a refusé de quitter sa chemise bleue de prisonnier tant que des prisonniers politiques croupissaient toujours derrière les barreaux. Il l’aura portée jusqu’à la fin de sa vie.
« J’ai pris la décision de continuer à porter ma blouse de prisonniers parce que mes amis étaient toujours en prison, et je pense que la population de Birmanie, dans son ensemble, vit toujours dans une prison ».