Le 24 septembre 2013, une Déclaration d’engagement à mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits avait été présentée lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Le gouvernement birman avait refusé de signer cette déclaration, montrant à tous son manque de volonté d’aborder la question des violences sexuelles dans les conflits en Birmanie.
Scandalisées, les organisations de femmes et de défense des droits de l’homme ont accentué leur pression sur la communauté internationale et sur le gouvernement birman pour qu’il reconnaisse enfin l’utilisation des viols et des violences sexuelles dans le pays, et surtout qu’il mette en place des mesures pour lutter contre cette pratique. Un groupe de défense des droits des femmes a notamment publié un rapport en janvier 2014, dénonçant la persistance de l’utilisation du viol comme arme de guerre par l’armée birmane, ainsi que le système d’impunité qui favorise une culture continue de la violence.
La mobilisation de ces organisations commence à payer puisque la Birmanie est devenue le 150ème pays signataire de la déclaration au début du mois de juin.
Info Birmanie salue cet engagement mais attend sa concrétisation. En effet, le gouvernement birman ne cesse de s’engager sans toutefois honorer ses promesses. En 2013, le Président Thein Sein s’était engagé devant la communauté internationale à libérer tous les prisonniers politiques, à parvenir à un accord de paix avec les groupes armés ethniques et à mettre fin à l’utilisation d’enfants soldats. Pourtant en 2014, les activistes continuent d’être arrêtés pour des raisons politiquement motivées, l’armée continue d’attaquer les minorités dans les zones ethniques et les enfants sont toujours enrôlés dans les forces armées.
Les organisations de défense des droits de l’homme s’intéressent également au moment choisi par le gouvernement pour ratifier cette déclaration. En effet, le président a signé le document une semaine avant l’ouverture du Sommet mondial pour mettre fin aux violences sexuelles, qui se termine aujourd’hui à Londres, et qui a accueilli une délégation de femmes birmanes venues dénoncer l’utilisation des violences sexuelles par l’armée. De nombreuses organisations craignent qu’il ne s’agisse plus d’une politique de communication visant à gagner les faveurs de la communauté internationale que d’une réelle volonté du gouvernement birman de mettre un terme à ces abus.
Une question se pose alors ? Quelles actions concrètes le gouvernement birman compte il prendre afin de s’assurer que plus aucune femme ni enfant ne soient victimes de viols et de violences sexuelles ?
La déclaration contient des engagements pratiques et politiques visant à mettre fin à l’impunité, à promouvoir la responsabilité et à assurer la justice et la sécurité des victimes de violences sexuelles dans les conflits. Pour s’engager réellement, le gouvernement doit donc accompagner cette signature d’un plan d’action concret ainsi que d’un calendrier précis d’application des mesures.
Plus que jamais, nous devons maintenir la pression sur la Birmanie pour que cet engagement ne constitue pas une nouvelle promesse en l’air mais que les mesures qu’il mette en place permette de véritables avancées pour les femmes en Birmanie.
Pour en savoir plus :
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