Face à l’augmentation des sans-abris, les punks se mobilisent

Face à l’augmentation des sans-abris, les punks se mobilisent

Depuis quelques années, la Birmanie s’est progressivement ouverte aux investissements étrangers. Conséquences : les loyers et les prix des terrains ont augmenté de manière spectaculaire, jusqu’à +60% en 2014 par rapport à 2012. Dans l’impossibilité de répondre à cette hausse des prix, de nombreuses familles se sont retrouvées sans logements. Face à cette situation, un groupe de punk de Rangoun a décidé d’agir. Rencontre avec Kyaw Kyaw Thu Win, fondateur du mouvement Food Not Bombs à Rangoun.

Dans leurs chansons, le groupe “The rebel Riot” dénonce la société, les violations des droits humains mais aussi les difficiles conditions de vie des birmans. Kyaw Kyaw, leader du groupe, chante et agit.  Conscient des divisions présentes dans son pays il souhaite unir les birmans. Son slogan ? «  Do It Together » (« Faisons le ensemble », inspiré du connu DIY, Do It Yourself).

En 2013, Kyaw Kyaw se rend en Indonésie. Il y découvre le mouvement Food Not Bombs, un mouvement né aux Etats-Unis dans les années 80 et désignant un groupe de personnes distribuant de la nourriture aux sans-abris. Il décide d’importer le concept dans son pays et fonde Food not Bombs Myanmar. Pour lui, c’est une évidence, les “bombs” occupent une place bien trop importante en Birmanie, l’Etat allouant une grande partie de son budget à l’armée. Son engagement a pour but de pallier à cette disproportion budgétaire et donc de venir en aide aux personnes dans le besoin.

A Rangoun, une fois par semaine, les membres du groupe réalisent des maraudes où ils distribuent de la nourriture aux sans-abris. Au départ financé sur leurs fonds propres, les concerts du groupe se révèlent être l’occasion de récolter des dons.  

Préparation de la nourriture à distribuer ©Food Not Bombs Myanmar
Fried-rice distribué aux enfants des rues ©Kyaw Kyaw Thu win

Peu après le lancement de ce mouvement, Kyaw Kyaw, qui place tout l’espoir du pays dans l’éducation, décide de créer un nouveau projet qu’il appellera Books not Bombs. L’idée est de fournir une éducation aux enfants des rues n’ayant pas accès à l’éducation publique. Rejoint par quelques enseignants bénévoles, l’idée prend corps et des cours sont dispensés dans les rues de la capitale économique les vendredis soirs.

Cours de rue par Books not bombs ©Kyaw Kyaw Thu Win

«Au final, ce sont plutôt les enfants qui me donnent des cours, ils ont vécu tellement de choses, ils ont beaucoup de maturité ! Même des enfants de 6-7 ans ! Je reçois de grandes leçons de philosophie à leurs côtés. », s’étonne Kyaw Kyaw.

Le projet s’est ensuite étendu aux environs de Rangoun, dans la région de Bago et de l’Irrawady. Le groupe punk se rend régulièrement dans les écoles pour y jouer de la musique et pour y diffuser un message de paix et d’unité. “Aujourd’hui près de 9 écoles de la région de Bago enseignent mes chansons”, se réjouit Kyaw Kyaw.

En parallèle de son activisme débordant, Kyaw Kyaw a un rêve : ouvrir des centres d’accueil pour les enfants des rues. Recevoir un repas, jouer de la musique, faire du sport, voilà les activités que ces centres offriraient. 

Kyaw Kyaw et son groupe en visite dans un école ©Kyaw Kyaw Thu Win
Kyaw Kyaw et son groupe en visite dans un école ©Kyaw Kyaw Thu Win

 

Lorène du Crest