En Birmanie, les États Shan et Kachin en proie aux conflits

En Birmanie, les États Shan et Kachin en proie aux conflits

Alors que le processus de paix a été lancé il y a moins de trois mois, les conflits entre l’armée birmane et les groupes ethniques armés se sont intensifiés, notamment dans les États Kachin et Shan. Les nombreuses offensives de la part de l’armée birmane, qui utilise de l’artillerie lourde, mettent en danger la vie de millier de personnes et provoquent des déplacements de populations importants. 

Info Birmanie soutient les organisations signataires de cette déclaration qui demandent l’arrêt immédiat des hostilités ainsi que des mesures spéciales pour la protection des civils, rappelant qu’il est urgent de trouver une solution pacifique aux conflits du pays basée sur un dialogue politique ouvert. 

communiqué situation Shan  Kachin

Une situation humanitaire préoccupante dans le nord de l’État Shan et dans l’État Kachin – Le 24 novembre 2016

Un nouveau conflit a éclaté dans l’Etat Shan du Nord il y a quatre jours – le 20 novembre 2016 – à Mungkoe, Pawng Sai et le point de contrôle 105-Mile. Aujourd’hui, les combats continuent entre l’armée birmane – la Tatmadaw – et les groupes ethniques armés. Il y a des affrontements armés quotidiens simultanés dans différentes parties des États Shan du Nord et Kachin avec l’Arakan Army (AA), la Kachin Independence Army (KIA), la Myanmar National Democratic Alliance Army (MNDAA) et l’armée Ta’ang National Liberation Army (TNLA).

Le gouvernement birman et les forces armées ont annoncé qu’ils agiraient pour la stabilité de la région en menant des opérations offensives. La militarisation et les offensives de la part de la Tatmadaw prennent place dans la région, allant jusqu’aux bombardements aériens dans les zones de Mungkoe et Pawng Sail dans l’État Shan du Nord et Man Win Gyi dans le sud de l’Etat Kachin. De leur côté, les groupes ethniques armés ont publié une déclaration commune invitant de toute urgence le public à ne pas se rendre dans ces zones, précisant que les combats pouvaient continuer.

La plupart des affrontements se déroulent aux alentours de la frontière avec la Chine. Le gouvernement chinois a mis son armée en état alerte dans la zone frontalière et a publié une déclaration exprimant leurs inquiétudes et demandant l’arrêt immédiat des conflits, tout en rappelant l’urgente nécessité de trouver une solution pacifique pour la stabilité de ces régions. Actuellement, plus de 3000 civils des zones de Mungkoe, Pawng Sai et Kyu Koke – Pang Hseng se sont réfugiés en Chine, à Wan Din et Man Hai. Les autorités locales s’occupent de l’assistance humanitaire et des besoins immédiats des populations déplacées.

Plus de 3500 déplacés internes se sont réfugiés dans quatre monastères et deux églises dans la ville de Muse, au Nord de l’État Shan. Au même moment, de nombreux déplacés se réfugiaient chez des connaissances à Muse ou du côté chinois. Les organisations humanitaires locales, les organisations de la société civiles, les organisations religieuses ainsi que les commerçants locaux procurent une assistance pour les premiers besoins des déplacés. Les besoins alimentaires de bases pourront être couverts pendant quelques jours. Cependant, un soutien plus important sera nécessaire si les déplacements de populations continuent. De plus, l’hiver approche dans cette région montagneuse. Les organisations humanitaires, locales et internationales, essayent de se coordonner pour une intervention immédiate mais elles font face à de nombreux défis, plus particulièrement à un risque important concernant le transport et la sécurité des équipes en raison de l’instabilité et de la tension dans les zones concernées.

Selon les informations de terrain, les principaux besoins des populations déplacées sont l’assistance médicale, des kits d’hygiène, des kits d’hiver, de l’eau et du personnel sanitaire. Actuellement, les affrontements dans la région continuent et la route principale entre Lashio et Muse n’est pas utilisable. La plupart des zones touchées par les conflits ne sont pas accessibles. Les villageois des zones reculées se retrouvent piégés entre les zones de conflit, et sont dans l’impossibilité de quitter la zone pour le moment. La détention des civils et les arrestations dans les zones touchées par le conflit se mettent en place. Pour ces raisons, les civils sont particulièrement anxieux et terrifiés. Les populations déplacées, qui ont fui leur village, sont très inquiets pour leurs propriétés qui pourraient être détruites ou pillées alors qu’ils ont été forcé de fuir.

Si des mesures pour arrêter ce conflit ne sont pas prises de manière urgente, il y a un risque d’escalade du conflit, qui pourrait s’étendre rapidement à travers les États Shan du Nord et Kachin, compromettant les perspectives de paix en Birmanie. Sans mesures urgentes, ce conflit risque de s’aggraver et pourrait s’étendre rapidement à travers le nord de l’État Shan et l’État Kachin, compromettant les perspectives de paix en Birmanie. L’escalade potentielle du conflit menace les vies de milliers de civils dans ces zones, notamment car elle imposerait des restrictions humanitaires et en augmenterait les souffrances des populations.

Les organisations signataires demandent aux parties en conflits le respect total de la loi Humanitaire Internationale (IHL), qui prévoit des mesures spéciales pour protéger les civils lors des conflits armés. Elles demandent également l’arrêt immédiat des hostilités. La priorité est de trouver une solution pacifique aux conflits en Birmanie pour le futur du pays et de son peuple. Cette solution doit être basée sur un dialogue politique ouvert qui répond aux problèmes persistants, à l’origine du conflit.

La protection et la sécurité des populations déplacées et des civils représentent les inquiétudes majeures. La zone de conflit doit bénéficier d’un accès humanitaire régulier et d’une intervention immédiate. Toutes les organisations, qu’elles soient locales ou internationales, devraient promouvoir la médiation et le dialogue entre les parties en conflit, favorisant un retour à la table des négociations.

Joint Strategy Team – Bridging Rural Integrated Development and Grassroots Empowerment (BRIDGE), Kachin Baptist Convention (KBC), Kachin Relief and Development Committee (KRDC), Kachin Women Association (KWA), Kachin Development Group (KDG), Karuna Mission Social Solidarity (KMSS), Metta Development Foundation (Metta), Nyein (Shalom) Foundation and Wunpawng Ninghtoi (WPN).

Version PDF 

MYANMAR SOLDIER