Selon un nouveau rapport du think tank suédois, l’Institut International de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), la Birmanie est l’un des 20 pays dont les dépenses militaires représentent plus de 4% de son PIB. Sur cette liste figure également le Yémen, la Syrie, l’Arabie Saoudite, le Sud Soudan, le Tchad, la Libye, Israël, la Russie, le Liban et l’Irak.
La banque asiatique de développement estime les dépenses militaires de la Birmanie à 4, 8% de son PIB. Pour se faire une idée plus précise, les dépenses militaires représenteraient 14 % du budget total du pays alors que les montants alloués à l’éducation et à la santé ne représenteraient conjointement que 7 à 8% des dépenses de l’État (moins de 5% pour l’éducation et moins de 3% pour la santé).
De plus, selon le rapport du SIPRI, la Birmanie, le Pakistan et le Bengladesh sont considérés comme trois des plus gros clients de la Chine pour leurs dépenses en équipement militaire. En 2014, la Birmanie aurait acheté à la Chine, à l’Inde et à la Russie des navires de guerre, des avions de combat, des hélicoptères militaires, des tanks, des lances roquettes et des équipements radar.
Ces données contrastent avec la volonté affichée du gouvernement birman, de parvenir à un accord de cessez-le-feu au niveau national. Le 30 mars 2015, les négociations entre la NCCT qui représente 16 groupes armés ethniques, et la Commission Gouvernementale pour le processus de paix (UPWC), ont donné lieu à une ébauche d’accord de cessez-le-feu.
Malgré cet accord historique, la signature de l’accord de cessez-le-feu définitif semble encore lointaine. En effet, il doit encore être signé par le gouvernement et par chaque groupe armé ethnique avant d’être proposé au Parlement. Mais surtout, les affrontements continuent dans l’État Kachin et l’État Karen, et ont repris au début de l’année 2015 dans l’État Shan et l’État d’Arakan. Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées par les conflits depuis février, les violations des droits de l’homme continuent et la militarisation accrue des troupes birmanes dans les zones de conflits, laissent présager une intensification des conflits notamment dans la région du Kokang, la région de Hpakant et l’État Karen.
En janvier, le ministre adjoint à la défense, le Lieutenant-Général Wai Lwin a proposé au parlement birman un budget de 2,75 milliards de dollars pour les forces armées pour l’année fiscal 2015-2016. Ces prévisions budgétaires colossales ne semblent pas en ligne avec les perspectives de paix que promet le gouvernement birman depuis trois ans.
Toutefois, ces dernières années, l’emprise moins forte des militaires sur le pays a permis aux législateurs de contester certaines décisions budgétaires. En 2013, Aung San Suu Kyi, leader de l’opposition, faisait partie des députés qui appelaient à des amendements aux lois budgétaires, insistant sur le fait que le budget doit « représenter les désirs du peuple ».
Alors que les élections générales approchent, qu’un accord préliminaire de paix a été conclu et que l’État s’est engagé à augmenter le budget alloué à l’éducation, les dépenses militaires pourraient être revues à la baisse.
En attendant, l’avenir de la Birmanie est encore bien incertain, qu’il s’agisse de développement, de droits humains et bien évidemment de paix.
Pour en savoir plus sur l’accord préliminaire de paix : « En Birmanie, les négociations de paix progressent entre le gouvernement et les groupes armés ethniques«