A l’occasion de la Journée Internationale de la Paix, Info Birmanie fait le bilan sur la situation en Birmanie.
Depuis 70 ans, des conflits meurtriers opposent les branches armées des groupes ethniques aux forces birmanes et ce sont les civils qui sont les premières victimes de ces affrontements.
Les minorités ethniques représentent environ 40% des 55 millions d’habitants que compte le pays et vivent dans « le fer à cheval » qui encercle la plaine centrale du pays et borde ses frontières. Ces zones, souvent riches en ressources naturelles, sont convoitées par les autorités birmanes qui tentent de les contrôler le plus étroitement possible depuis le départ du colonisateur britannique. Pour ces raisons, les organisations ethniques revendiquent l’instauration d’un État fédéral leur garantissant plus d’autonomie et la reconnaissance constitutionnelle de leurs droits.
Depuis la fin de la dictature, le gouvernement essaie de signer un accord de cessez-le-feu national avec les groupes ethniques armés pour rassurer la communauté internationale mais seulement 8 groupes sur 21 ont accepté. Parallèlement, les combats armés entre les groupes ethniques et l’armée birmane continuent dans les Etats Kachin, Shan, Karen et Arakan. L’armée birmane alimente les tensions entre les organisations ethniques, ce qui a mené à des affrontements entre elles, qui ont commencé il y a moins d’un an. De plus, elle continue de commettre de nombreux abus contre les populations civiles issues des minorités ethniques. Des rapports faisant état d’homicides, de disparitions forcées, de viols et d’autres violences sexuelles ainsi que de travaux forcés se sont multipliés au cours des deux dernières années. Au total, 644 000 personnes ont quitté leurs domiciles pour fuir les conflits et rejoindre des camps de déplacés. L’aide humanitaire est toujours bloquée dans certaines régions, rendant ces populations particulièrement vulnérables.
La conseillère d’Etat Aung San Suu Kyi a fait de la réconciliation nationale son principal objectif et a dédié ses premiers mois à l’organisation de la Conférence de Panglong du XXIe siècle qui s’est tenu du 31 août au 3 septembre. La Ligue Nationale pour la Démocratie a réussi à réunir autour d’une table les différents acteurs concernés : le gouvernement, le parlement, la Tatmadaw (armée birmane), 17 groupes ethniques armés dont certains n’ont pas signé l’accord de cessez-le-feu du précédent gouvernement, des partis politiques, des organisations ethniques ainsi que quelques observateurs de la société civile.
Malheureusement, le processus de paix s’annonce compliqué. La Conférence de Panglong prétendait réunir toutes les parties prenantes afin de relancer le processus de paix, mais 3 groupes ethniques armés ont été exclus et aucune garantie n’a été donnée aux groupes ethniques armés quant au dialogue politique qui suivra la signature d’un accord de cessez-le-feu. Aucune décision n’a été prise, si ce n’est qu’une prochaine rencontre aura lieu 6 mois plus tard. Entre temps, les différents acteurs devraient se retrouver afin d’amorcer le dialogue politique national. Si certains groupes ethniques armés non-signataires de l’Accord de cessez-le-feu national ont pu participer à la Conférence de Panglong, ils ne pourront prendre part aux prochaines négociations de paix que s’ils signent cet accord. Loin du processus inclusif promis par le gouvernement, le chemin vers la paix promet d’être long.