Info Birmanie condamne le viol et le meurtre de deux femmes kachin dans l’enceinte de l’église où elles résidaient dans la nuit du 19 janvier, et appelle le gouvernement birman à cesser immédiatement les offensives militaires dans les régions ethniques et à poursuivre en justice les auteurs de violences sexuelles.
Ces deux enseignantes bénévoles avaient une vingtaine d’années, elles étaient logées dans le complexe d’une église baptiste pour laquelle elles travaillaient, dans le village de Kaunghka, au nord de l’État Shan. Elles ont été agressées durant leur sommeil, avant d’être violées et tuées par des militaires de l’armée nationale. Cette zone a connu une intensification des conflits armés depuis 2011 quand l’armée birmane a rompu un cessez-le-feu de 17 ans.
Selon Info Birmanie la présence de l’armée birmane entraine de nombreuses violations des Droits de l‘Homme, et les violences sexuelles sont toujours utilisées comme arme de guerre contre les civils. Moon Nay Li de l’association des femmes Kachin en Thaïlande affirme que ces meurtres « montrent que malgré les réformes, les troupes gouvernementales continuent de violer, torturer et tuer des femmes et des enfants en toute impunité ».
Ces actes ont suscité une forte indignation au sein de la société civile birmane, une foule bouleversée et en colère a suivi le cortège funéraire des deux enseignantes. Les porte-paroles des diverses associations présentes réclament la fin de l’impunité et demandent que les coupables soient jugés par les tribunaux civils. En effet, ce sont les tribunaux militaires qui jugent les exactions commises par l’armée birmane. Une cérémonie d’hommage a eu lieu à Rangoun et face aux pressions internationales gouvernement birman a assuré vouloir faire la lumière sur cette affaire et a annoncé l’ouverture d’une enquête tout en demandant aux États ne pas intervenir dans les affaires intérieures birmanes.
Les attaques par l’armée birmane à travers l’Etat Kachin se sont intensifiées, ce qui a entrainé le déplacement de milliers de personnes et la prise pour cible de civils. Cette affaire s’intègre dans un contexte général de violations des Droits de l’Homme commises par l’armée birmane.
Par ailleurs, les violences sexuelles se sont accrues depuis 2011. L’association des femmes Kachin en Thaïlande a recensé plus de 70 cas de viols et violences sexuelles perpétrés contre des membres de l’ethnie Kachin par les troupes de l’armée birmane depuis la reprise du conflit dans la région. Et dans seulement deux de ces cas les auteurs ont été punis. Un rapport de la ligue des Femmes birmanes compte 118 cas de viols commis par des membres de l’armée birmane depuis 2010.
Selon Info Birmanie, des enquête indépendantes et impartiales sont rarement mises en place, ce qui contribue à une culture d’impunité des militaires en Birmanie. Info Birmanie appelle la France à faire pression pour que le gouvernement birman respecte la Déclaration d’engagement à mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits, dont il est signataire depuis juin 2014.