Le 17 juillet, Aung San Suu Kyi, Conseillère d’Etat en Birmanie, s’est entretenue avec les responsables de l’UNFC, une coalition de 11 organisations ethniques armées, destinée à représenter l’ensemble des groupes ethniques lors des négociations avec le gouvernement birman. L’objectif de la rencontre était de définir le cadre des discutions de paix qui auront lieu lors de la conférence de Panglong du XXIème siècle, à la fin du mois d’août.
Lors de leur entretien, le secrétaire général de l’UNFC, Khu Oo Reh est apparu contrarié par les propos d’Aung San Suu Kyi. Elle aurait demandé aux groupes ethniques armés de « s’abstenir de demander », mais plutôt de « considérer ce qu’ils pourraient offrir » pendant la conférence de Panglong.
En réponse, Khu Oo Reh a déclaré « regardez les états peuplés par les minorités ethniques. Nous avons presque tout perdu […] Dans cette situation qu’est-ce qu’ils attendent de nous ? Que nous reste-t-il à offrir ? ». « Allez observer les états qui ne sont pas de l’ethnie birmane. Les montagnes sont aplaties, les plaines deviennent désertiques, les rivières, les ruisseaux et les mares s’assèchent. Nos villages sont détruits, et notre peuple doit fuir dans la jungle et les montagnes. Nos ressources minérales s’épuisent et il n’y a plus de forêts d’arbres et de bambous. Maintenant que voulez-vous de plus de nous ? » a-t-il rajouté.
Sur 21 groupes ethniques armés en Birmanie, 8 ont accepté de signer l’accord « national de cessez-le-feu » du gouvernement de Thein Sein en octobre 2015, 6 ont été exclus d’office par l’armée birmane et 7 ont refusé de signer, dénonçant notamment ce manque d’inclusion. Les conflits avec l’armée birmane sont toujours actifs, et les affrontements entre groupes armés ethniques, rares jusqu’à 2015, sont de plus en plus fréquents. Les négociations de paix apparaissent donc comme l’enjeu principal du gouvernement de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), au pouvoir depuis un peu plus de 100 jours.
Pour l’UNFC et la majorité des groupes ethniques armés, le nouveau gouvernement de la LND doit donc mener des discussions de paix inclusives s’il souhaite qu’elles aboutissent à un véritable état fédéral. Toutefois, l’armée birmane a fait connaitre sa position sur le sujet au mois de mai, déclarant qu’elle refusait de négocier avec l’armée ta’ang, l’armée kokang et l’armée d’Arakan tant que celles-ci ne déposeront pas les armes. Mais cette exigence ne peut pas être acceptée par les 3 armées ethniques qui sont systématiquement les cibles d’offensives et de violations des droits de l’homme par l’armée birmane.
Le 26 juillet, une conférence organisée par les minorités ethniques pour préparer les discussions de paix de Panglong a commencé à Mai Ja Yang, dans l’État Kachin, et devrait s’étendre sur 4 jours.
Observée par la Chine et les Nations Unies, elle doit permettre aux groupes armés ethniques de se mettre d’accord sur leurs demandes et intérêts communs, en vue des négociations de Panglong. Ils souhaitent notamment trouver des accords sur la construction de l’état fédéral, les questions de sécurité nationale et de défense, et le dialogue politique, mais aussi adopter un guide qui permette d’interpréter la conférence elle-même.
Critiquée par l’armée qui aurait préféré qu’elle n’ait pas lieu, la conférence de Mai Ja Yang regroupe finalement 17 groupes ethniques armés ainsi que les partis politiques ethniques et les organisations de femmes qui œuvrent pour la paix. Les armées kokang et ta’ang, exclues de fait des négociations du mois d’août, ont renoncé à y assister « pour ne pas que les discussions s’attardent sur leur cas et ne retardent le processus de paix ». Dans le cas de l’armée ta’ang, il s’agit également d’éviter l’armée shan du sud, avec laquelle elle est en conflit.