Déclaration du réseau européen pour la Birmanie sur les attaques de l’armée birmane toujours en cours contre la population kachin

 Communiqué de presse  – 21 janvier 2013
Nous, les organisations soussignées, membres du réseau européen pour la Birmanie, condamnons les attaques en cours contre la population kachin et appelons la communauté internationale à faire pression sur le Président Thein Sein et l’armée birmane pour mettre fin à l’offensive militaire dans le Nord de la Birmanie et permettre un accès humanitaire sans entrave aux personnes déplacées internes.
Les attaques ont continué en dépit de l’annonce faite vendredi dernier par le gouvernement birman annonçant l’arrêt des offensives.
Depuis la fin du mois de décembre, l’Etat Kachin connaît une grave intensification du conflit, l’armée birmane utilisant des avions de combat, des hélicoptères et de l’artillerie lourde pendant ses opérations militaires. Le 14 janvier, l’armée birmane a pour la première fois attaqué  la ville de Laiza, quartier général de  l’Armée d’indépendance kachin (KIA), située à la frontière chinoise. Trois obus sont tombés au cœur de la ville faisant trois morts et quatre blessés parmi les civils. L’armée semble donc à présent cibler délibérément les populations civiles, Laiza regroupant 6000 habitants ainsi que 14 000 déplacés internes réfugiés dans des camps autour de la ville.
Il s’agit de  la plus grave intensification du conflit dans l’Etat kachin depuis le début de la guerre en juin 2011, quand l’armée birmane a rompu un cessez-le-feu long de 17 ans. Plus de 100 000 civils ont dû fuir leurs foyers depuis que la guerre a commencé, et vivent dans des conditions terribles alors que les autorités continuent à empêcher les agences d’aide internationale de fournir d’urgence une aide humanitaire.
L’armée birmane est accusée de graves violations des droits de l’homme contre les populations civiles, pouvant être considérées comme des crimes de guerre et crimes contre l’humanité selon la loi internationale. Le Rapporteur spécial des Nations unies pour la Birmanie, Tomás Ojea Quintana, dans son rapport présenté  à la Troisième Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2012, a déclaré avoir reçu des allégations relatant la persistance des graves violations des droits de l’homme dans les zones frontalières ethniques touchées par le conflit, notamment : « les attaques contre les populations civiles, les exécutions extrajudiciaires, la violence sexuelle, les arrestations et les détentions arbitraires, les déplacements de population, les confiscations de terres, le recrutement d’enfants soldats, le travail forcé et l’utilisation de mines terrestres ».
Le cessez-le-feu, long de 17 ans, n’a instauré qu’une paix fragile dans l’État Kachin, et n’a jamais permis de résoudre les problèmes de fond, à savoir le manque de démocratie et d’égalité pour le peuple kachin. Il n’a aussi jamais donné lieu à un véritable dialogue politique..
Nous appelons la communauté internationale, notamment les Nations unies et l’Union européenne, à adopter une position ferme afin de persuader le président Thein Sein, son gouvernement et l’armée birmane de mettre fin aux violences contre la population Kachin et permettre un libre accès à l’aide humanitaire dans les zones touchées.
 
C’est pourquoi nous prions l’Union européenne de prendre en considération les propositions suivantes :
  1. Aucune nouvelle sanction ne doit être assouplie.
  2. Au moment du renouvellement de la décision commune de l’Union Européenne sur la Birmanie, une interdiction de visa doit être réintroduite concernant tous les membres supérieurs de l’armée birmane, tous les ministres du gouvernement et les députés membres de l’armée.
  3. Toutes les  mesures restrictives suspendues lors de la dernière position commune européenne doivent continuer à être suspendues pour une nouvelle année, et non pas levées.
  4.  Tous les membres de l’Union Européenne doivent retirer leurs invitations lancées au président Thein Sein pour effectuer des visites officielles dans leur pays.
  5. Tous les financements et les autres formes de soutien au renforcement des capacités du gouvernement birman doivent être suspendus.
  6. Les mécanismes de suivi de l’application de l’embargo sur les armes doivent être revus, des sanctions pour les États membres impliqués dans des violations de l’embargo sur les armes doivent être mises en place.
  7. L’Union européenne et les Etats membres  doivent fournir une aide financière aux Organisations non gouvernementales communautaires  situées dans les zones contrôlées par la KIA afin d’atteindre les dizaines de milliers de personnes déplacées qui n’ont pas accès à l’aide car les autorités birmanes continuent à empêcher l’accès des agences d’aide internationale dans la région.
Organisations signataires :
Actions Birmanie (Belgium)
Association Suisse Birmanie
Austrian Burma Center
Burma Aktion (Germany)
Burma Action Ireland
Burma Campaign UK
Burma Partnership
Burmese Rohingya Organisation UK
Christian Solidarity Worldwide
Denmark Karen Organisation
European Karen Network
International Federation for Human Rights (FIDH)
Info Birmanie (France)
Norwegian Burma Committee
Society for Threatened Peoples – Germany
Swedish Burma Committee
SDS – Swedish Social Democratic Students´ Burma Project