Des centaines de milliers de personnes n’ont plus accès aux services de base comme les soins de santé depuis l’évacuation d’urgence de 300 travailleurs humanitaires dans l’État d’Arakan. Plus de 1000 travailleurs humanitaires ont été forcés de cesser leurs activités après que des violences ont éclaté à Sittwe, la capitale de l’État d’Arakan, les 26 et 27 mars dernier.
Les forces de sécurité n’ont pas réussi à contrôler les foules en colère qui s’en sont prises à 33 bureaux, entrepôts et lieux d’habitation d’ONG et d’agences des Nations Unies. Les assaillants accusent les agences d’aide humanitaire d’être partiales et d’apporter de l’aide uniquement aux Rohingyas, une minorité musulmane persécutée.
Avec des services d’aide très limités, les individus sujets à des maladies graves ou potentiellement mortelles n’ont plus accès à leurs traitements et risquent de ne pas être transportés à l’hôpital.
Ces restrictions ont mis en lumière la dépendance de centaines de milliers de personnes dans l’État d’Arakan à l’aide humanitaire. Cette dépendance est enracinée depuis deux ans, depuis que des violences intercommunautaires ont éclaté, tuant 167 personnes et en déplaçant plus de 140 000.
La raison principale de cette dépendance est claire : les bénéficiaires de l’aide humanitaire n’ont pas accès un l’un de leurs droits les plus basique : la liberté de mouvement.
C’est le cas de près de 800 000 Rohingyas. Ceux qui vivent dans les communautés reculées dans le Nord de l’État d’Arakan ne peuvent pas voyager librement de villages en villages. Ceux qui vivent dans des camps de déplacés internes autour de Sittwe ne peuvent sortir du camp que de façon exceptionnelle.
Le manque de liberté de mouvement a un impact énorme sur la capacité des populations affectées par les violences à reconstruire leur vie. Les pêcheurs n’ont plus accès à la mer, les paysans n’ont plus accès à leurs terres et les commerçants n’ont plus accès à leurs échoppes. Dans l’impossibilité de reprendre le contrôle sur leurs moyens de subsistance ils ne peuvent rompre avec leur dépendance humanitaire.
Le 2 avril, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (UNOCHA) a annoncé que 300 enfants souffrant de malnutrition sévère dans l’État d’Arakan, ne pouvaient plus recevoir de traitement thérapeutique et que 1 300 tonnes d’aide alimentaire étaient nécessaires dans l’État d’Arakan pour réapprovisionner les réserves.
Le porte-parole de l’État d’Arakan a déclaré que les organisations humanitaires pourraient retourner dans l’État d’Arakan si elles bénéficiaient toujours d’un accord d’entente au niveau local. Cela n’est évidemment pas le cas pour un grand nombre d’entre elles « car les locaux (arakanais bouddhistes) protestent contre elles depuis tout ce temps ». Le Centre de Coordination des Urgences du régime (ECC) a également déclaré que les agences des Nations unies et les autres ONGs qui opéraient dans l’État d’Arakan ne seraient pas autorisées à y retourner à moins qu’elles fournissent une information détaillée des activités qu’elles planifient d’y mener.
Les États-Unis, le Royaume Uni et les Nations-unies ont appelé le gouvernement birman à autoriser le retour des organisations humanitaires de toute urgence dans l’État d’Arakan et à assurer la sécurité des travailleurs humanitaires et des communautés de la région. Mais le gouvernement birman continue de bloquer l’aide humanitaire. Le 23 avril, MSF, Malteser International et 12 des 23 agences des Nations Unies n’avaient toujours pas été autorisés à reprendre leurs activités.
L’ensemble des activités humanitaires et de développement doivent reprendre de toute urgence. Sur le long terme, le gouvernement birman et les agences d’aide internationales doivent regarder de plus près les problématiques liées la liberté de mouvement, à la citoyenneté, aux moyens de subsistances et au développement pouvant bénéficier à toutes les communautés.
Source : UNOCHA
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