15 juin / Journée sur la Birmanie : « 499 jours, entre chaos et résistance »

15 juin / Journée sur la Birmanie : « 499 jours, entre chaos et résistance »


Info Birmanie et la Communauté Birmane de France organisent une journée sur la Birmanie le mercredi 15 juin 2022 à l’Auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris, 499 jours après le coup d’Etat militaire.

Cet événement réunira ONG, militants et artistes birmans, journalistes et chercheurs pour décrypter la situation du pays depuis le 1er février 2021 et faire entendre les voix de la société civile birmane, mobilisée avec un courage incroyable face à la junte militaire. Le mouvement de protestation du peuple birman contre la junte s’est, au fil des mois, transformé en révolution : le «Printemps Birman ».

Nous évoquerons la répression menée par la junte et la crise humanitaire, tout en mettant en lumière les multiples formes de la résistance, les transformations de la société, les espoirs du peuple birman, sans oublier les questionnements.

Au programme, six tables-rondes thématiques, des performances artistiques et une lecture de poèmes birmans. 

Nous vous attendons nombreux pour faire de cet événement un temps fort de partage et de solidarité avec le peuple birman qui, à l’instar du peuple ukrainien, a tant besoin de notre appui et de notre attention.  

 Inscription indispensable : formulaire ou infobirmanie@gmail.com

Horaires : de 14h00 à 20h00

Accès : Hôtel de Ville de Paris, 5 rue de Lobau 75004 Paris (Métro Hôtel de Ville)

Page Facebook de l’événement

Retrait de Birmanie : TotalEnergies doit répondre aux demandes de la société civile birmane

Retrait de Birmanie : TotalEnergies doit répondre aux demandes de la société civile birmane

CP 23 mai 2022 – A l’approche de son assemblée générale, TotalEnergies est interpellé sur les modalités de son retrait de Birmanie. Le sujet est loin d’être clos, à plus ou moins deux mois de son départ annoncé du champ gazier de Yadana[1].

TotalEnergies poursuit une stratégie de désinvestissement profondément irresponsable. Le groupe a refusé de répondre aux questions de Blood Money Campaign (BMC) concernant sa cession. Notamment à la question de savoir pourquoi celle-ci va à l’encontre de la position de la communauté internationale en traitant la junte génocidaire comme le gouvernement du Myanmar et en ignorant le gouvernement d’union nationale (NUG), gouvernement légitime dont le Sénat français appuie la reconnaissance officielle.

TotalEnergies a ignoré les demandes de la société civile birmane. Celles-ci portent notamment sur la poursuite des paiements à la junte militaire depuis l’annonce du retrait du groupe. La société civile maintient sa demande de voir cette somme placée sur un compte bloqué jusqu’au retour d’un gouvernement démocratiquement élu, en ayant – si nécessaire – recours à l’arbitrage international. Selon les estimations, ce sont environ 250 millions de dollars américains supplémentaires qui vont venir alimenter la junte de janvier à juillet 2022.

Blood Money Campaign s’inquiète aussi du transfert de parts de TotalEnergies à PTTEP – géant thaïlandais de l’énergie – en sa qualité de partenaire repreneur désigné du projet Yadana, et de la cession de parts à la Myanmar Oil and Gas Enterprise (MOGE). En dépit des sanctions de l’Union Européenne (UE) contre la MOGE, rien n’a été entrepris pour tarir les revenus du gaz à la junte. Le peuple birman privilégie pourtant ce tarissement à l’approvisionnement en énergie : il n’est pas entendu.

Alors que les revenus peuvent être détournés vers des comptes bloqués sans couper le gaz, l’expérience montre que les conséquences humanitaires d’un régime militaire seront pires que toute réduction de l’électricité. « Le Myanmar a connu des décennies de pannes d’électricité et maintenant que TotalEnergies finance le massacre quotidien de la junte, Patrick Pouyanné dit aux habitants du Myanmar que l’énergie est un droit humain, ignorant le fait que 98% des habitants de Yangon soutiennent l’arrêt des revenus plutôt que le maintien de l’approvisionnement en électricité » déclare Ko Ye de BMC.

« BMC appelle TotalEnergies à cesser d’abuser des exemptions aux sanctions de l’UE. Ne continuez pas à financer la junte en ordonnant des paiements mensuels. N’introduisez pas un nouvel opérateur qui sera de connivence avec la junte. La junte tue avec votre argent tous les jours et vous vous assurez qu’elle le fera après votre départ. »

La France a aussi une responsabilité dans ce dossier. Comme le souligne Earth Rights International (ERI), les sanctions de l’UE contre la MOGE contiennent des dérogations qui protègent les intérêts des compagnies gazières. La France doit garantir qu’elle n’autorisera pas leur utilisation par TotalEnergies à des fins détournées, le but ultime des sanctions étant d’empêcher les revenus du gaz d’atteindre la junte militaire.

Contacts presse :

Ko Ye, Blood Money Campaign +959 759 966 142 (signal)

Sophie Brondel, Info Birmanie  + 33 (0)7 62 80 61 33 sophie@info-birmanie.org


[1] Deux rapports explicatifs détaillent les enjeux et les demandes de la société civile pour un  désinvestissement responsable de TotalEnergies : « Explainer – TotalEnergies and Chevron exit » (BMC/GMSR) et How TotalEnergies and Chevron Can Divest Responsibly from Myanmar”. (Earth Rights international).

Birmanie : Le sentiment que « nous ferons l’Histoire » se répercute dans tout le pays et dans la diaspora

Birmanie : Le sentiment que « nous ferons l’Histoire » se répercute dans tout le pays et dans la diaspora

9 Mai 2022, L’invité(e) du mois – Entretien avec Htwe Htwe Thein, Professeur d’économie internationale à l’Université de Curtin en Australie

Contrairement aux actions entreprises par la communauté internationale en faveur de l’Ukraine, le soutien apporté au peuple birman dans sa lutte pour la démocratie a été critiqué comme étant beaucoup plus faible. Quelles sont les actions les plus nécessaires que la communauté internationale devrait entreprendre aujourd’hui pour soutenir le mouvement démocratique ?

Il est vrai que la Birmanie a reçu beaucoup moins d’attention et de réponses alors que la  communauté internationale s’est mobilisée de manière décisive et efficace pour soutenir l’Ukraine. Les gouvernements et les entreprises se sont réunis très rapidement et de manière très coordonnée pour imposer des sanctions contre la Russie. En observant la crise ukrainienne, les habitants de la Birmanie ont trouvé la position ferme de la communauté internationale en faveur des droits de l’Homme encourageante, mais ils ont été perplexes et tristes en se demandant pourquoi ils n’obtenaient pas la même réponse étant donné que les deux cas sont de terribles crises des droits de l’Homme. Le peuple birman a grandement besoin de l’aide et de l’assistance de la communauté internationale. Premièrement, une crise humanitaire se profile. L’aide humanitaire de la communauté internationale est lente et décevante. Il serait bon de mettre en place un couloir humanitaire sécurisé pour fournir une assistance indispensable aux personnes déplacées qui ont fui leurs foyers en raison de l’attaque de la junte contre des civils. La faim et les déplacements ne feront qu’empirer si l’aide n’arrive pas rapidement. Politiquement, il est désormais clair que l’ASEAN n’a pas réussi à résoudre la crise en Birmanie et qu’il y a une impasse. La communauté internationale devrait s’unir non seulement pour apporter son soutien à l’ASEAN, mais aussi pour pousser ce bloc régional à prendre des mesures plus fortes et décisives. Ensemble, si elle est unie et intégrée, la communauté internationale peut aider à résoudre la crise en Birmanie.

Le peuple birman a récemment massivement boycotté la célébration de Thingyan, exprimant ainsi son rejet continu de la junte militaire, pendant que le mouvement de désobéissance civile (CDM) et la lutte armée se poursuivent. Comment décririez-vous la situation actuelle en Birmanie ?

La situation est politiquement très tendue, sans que l’on puisse actuellement entrevoir une fin à la violence et aux conflits. Sur le plan économique, les gens sont dans l’épreuve. Le pays est à court de liquidités et leurs économies bancaires sont menacées avec des limitations de retrait et une inflation qui augmente fortement, ce qui rend les prix des biens de consommation (en particulier les biens importés) beaucoup plus chers qu’auparavant. Dans ce contexte, il est très difficile de faire des affaires et les gens perdent confiance dans l’économie, au même titre que dans la gouvernance, la loi et l’ordre. Les personnes qui ont de l’argent liquide ont peur de le garder par crainte de déflation, voire de démonétisation, mais aussi à cause des risques de vol et de cambriolage. Certains citoyens sont engagés dans une frénésie d’achats, car ils préfèrent détenir leur épargne sous forme d’actifs plutôt qu’en espèces. Suite au coup d’État, le commerce international a été très affecté, les entreprises ont par exemple du mal à payer les importations, ce qui rend les biens importés rares et très chers. Les agriculteurs sont confrontés à de gros problèmes de manque d’accès aux prêts et/ou au capital. Les pénuries d’engrais (ils sont généralement importés) sont à l’origine de préoccupations majeures en raison de la baisse de la production et de la distribution de riz et de l’augmentation de l’insécurité alimentaire. La crise humanitaire semble s’aggraver. Avec l’approche de la saison sèche, les pénuries d’électricité vont avoir un impact sur les ménages, les usines et les fabricants. En outre, la sécurité personnelle est un facteur important qui a un impact sur la mobilité des personnes, inquiètent à juste titre pour leur sécurité au milieu du conflit.

Total et Chevron ont annoncé leur futur retrait de Birmanie, mais en attendant ces groupes continuent leurs paiements à la junte. Que vous inspirent ce retrait et ses modalités ?

Je ne suis pas en mesure de commenter le détail des plans de Total et Chevron pour gérer leur retrait du pays, ni des éventuels paiements prévus à la junte. Je crois que les transactions financières dans cette affaire sont effectuées en dehors de la Birmanie. S’il est interdit aux banques internationales de traiter des transactions impliquant des entreprises liées à la junte, il pourrait y avoir une possibilité d’arrêter les paiements. Mais, pour autant que je sache, dans ces circonstances, il se peut qu’il n’y ait pas de sanctions ou de restrictions actuelles en jeu pour empêcher les transferts. La question de savoir si Total et Chevron ont la capacité ou le pouvoir de refuser de participer aux transferts de revenus à la junte militaire est une question à laquelle ils doivent répondre avec la plus grande transparence. Le mouvement anti-coup d’État et pro-démocratie considère que le gouvernement du régime militaire est illégitime et a clairement demandé à Total et Chevron de réduire les paiements et les flux de revenus vers l’armée et de placer ces paiements sur un compte bloqué. Dans ces circonstances, il est très important que les entreprises soient transparentes, qu’elles fournissent des détails et un compte rendu public clair de tous les transferts qui se produisent (ou qui se produiront à l’avenir) dans le cadre du processus de retrait de Birmanie.

Certains craignent la quête de légitimité et de normalisation  de la junte –  notamment avec le projet d’organiser des élections en 2023 – alors que le peuple birman veut se débarrasser une fois pour toutes de la junte militaire. Au fil du temps, quel est le rapport de force entre le peuple et la junte sur le terrain ?

Ce serait une élection fictive, même si la junte allait de l’avant avec la tenue d’élections en 2023. Une majorité de personnes ne participeraient pas à l’élection et si elles le faisaient, ce serait très probablement à cause de la coercition du régime. Tant qu’il n’y aura pas d’avancées sur le consensus en cinq points de l’ASEAN (fin des violences, libération des prisonniers politiques, dialogue, etc.), la situation ne fera que s’aggraver. Le pouvoir est au peuple parce que les gens sont très unis dans leur combat contre la junte. Ils sont déterminés à ce que le régime militaire soit aboli cette fois-ci – l’armée a gouverné la Birmanie pendant 70 ans et de nombreuses personnes et de nombreux militants parlent de leur devoir historique de mettre fin à la domination militaire et d’en faire le moment décisif pour obtenir un régime civil et une véritable démocratie. Le sentiment que « nous ferons l’Histoire » se répercute dans tout le pays et dans la diaspora birmane vivant à l’étranger. Cette fois, le canon des fusils des militaires n’a qu’un effet limité, contrairement aux décennies précédentes. Ces militants sont très présents sur les réseaux sociaux, innovants et bien connectés à l’échelle internationale.

L’appel à l’unité et à une union démocratique fédérale au sein de la population a été présenté comme une évolution majeure depuis le coup d’État militaire de l’année dernière. Quels sont les défis pour que cet appel devienne réalité ?

C’est un virage sans précédent vers l’unité et une union démocratique fédérale. La reconnaissance officielle du gouvernement d’union nationale (NUG) par les gouvernements du monde entier serait un bon début. Actuellement, il y a eu un engagement diplomatique avec le NUG, mais seulement de manière informelle, pas formelle. La reconnaissance formelle du NUG augmenterait l’élan de la pression internationale sur le régime militaire et serait un pas en avant dans la tentative de résolution de la crise. Il est tout aussi important de maintenir un sentiment d’unité entre les différents groupes ethniques, politiques et de la société civile qui combattent un ennemi commun qui est la junte et, plus largement, la domination militaire de la société et de l’économie.

Info Birmanie participe au Blue Shirt Day

Info Birmanie participe au Blue Shirt Day

Le jeudi 21 avril 2022 marque les 8 ans de la mort de U Win Tin. Ce journaliste, qui compte parmi les membres fondateurs de la LND, a passé près de 20 ans de sa vie en prison (1989-2008), une expérience qu’il a qualifiée d’infernale. Lors de sa libération, il s’est engagé à se vêtir d’un T-Shirt bleu – de la même couleur que celui qu’il devait porter en prison – jusqu’à ce que tous les prisonniers politiques de Birmanie soient relâchés. Il n’a pas obtenu gain de cause de son vivant.

La campagne de sensibilisation du Blue Shirt Day, initiée par l’Assistance Association for Political Prisoners (AAPP) #blueshirt4burma, prend une signification particulière depuis le coup d’Etat militaire du 1er février 2021. La Birmanie compte actuellement plus de 10 271 prisonniers politiques, parmi lesquels 996 condamnés.

Info Birmanie participe au Blue Shirt Day et appelle à la libération de tous les prisonniers politiques :


Le 21 avril, vous pouvez porter un T-Shirt bleu et partager une photo sur les réseaux sociaux pour demander la libération de tous les prisonniers politiques en Birmanie dans le cadre de la campagne #BlueShirt4Burma.

La société civile birmane interpelle le Comité International de la Croix Rouge (CICR) et les organisations internationales en leur demandant de tout faire pour accéder aux prisons birmanes, rendre compte des abus quotidiens subis par les prisonniers politiques et faire cesser la torture.

Pétition Light Behind Bars : https://actionnetwork.org/petitions/lightbehindbarsmyr?source=direct_link


Présidentielle 2022 : Info Birmanie interpelle les candidats

Présidentielle 2022 : Info Birmanie interpelle les candidats

7 mars 2022 – A l’heure où l’invasion de l’Ukraine par la Russie mobilise l’attention des médias et des candidats à l’élection présidentielle, Info Birmanie tient à alerter sur le sort du peuple birman qui lutte lui aussi pour la démocratie, face à une junte militaire dont la Russie représente le principal allié militaire et diplomatique.