La situation des déplacés et réfugiés birmans en 9 images
En ce 20 juin 2014, journée internationale des réfugiés, Info Birmanie exhorte le gouvernement birman à mettre fin aux violations des droits de l’homme, à protéger sa population et à garantir un accès humanitaire sans entrave. Nous appelons également la communauté internationale à écouter et à prendre en compte les préoccupations des personnes déplacées et réfugiées.
Depuis la fin de la dictature et l’arrivée du président Thein Sein au pouvoir, au moins 250 000 personnes ont été déplacées par les conflits, les violations des droits de l’homme et les violences, portant le nombre total de personnes déplacées à 650 000.
Avec 415 000 réfugiés birmans dans le monde, la Birmanie figure à la 7ème position du classement des pays d’origine des réfugiés. Trois raisons expliquent ces déplacements massifs de population :
Les conflits armés n’ont pas cessé : Depuis son arrivée en 2011, les accords de cessez-le-feu conclus avec plusieurs groupes ethniques armés ont été salués comme l’un des plus grands succès du président Thein Sein. Et pourtant :
- Lorsque des accords de cessez-le-feu ont été signés, aucun code de conduite n’a été mis en place pour leur application et aucun dialogue politique n’est encore envisageable. Le processus de paix est loin d’aboutir.
- L’armée birmane a augmenté ses effectifs dans les régions où vivent les minorités ethniques et les violations des droits de l’homme commises par les forces armées continuent d’avoir lieu.
- Il y a exactement trois ans, l’armée birmane a rompu un accord de cessez-le-feu conclu 17 ans plus tôt avec l’Armée pour l’Indépendance Kachin (KIA). Des offensives extrêmement violentes ont été lancées par les forces birmanes dans l’État Kachin et le nord de l’État Shan, forçant plus de 100 000 personnes à fuir.
Les discriminations et les violences religieuses s’accentuent : Les violences communautaires qui ont éclaté en 2012 se sont rapidement transformées en attaques systématiques contre les Rohingyas. Elles sont à l’origine d’une centaine de mort et de la fuite d’au moins 140 000 personnes. S’exprimant lors d’une Conférence à Londres sur la situation des Rohingyas en avril 2014, le Rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme en Birmanie, Tomás Ojea Quintana a déclaré: « Il s’agit de crimes contre l’humanité. La possibilité d’un génocide doit être discutée ». Pourtant aucune mesure n’a été prise par le gouvernement birman pour calmer la situation. Au contraire, les campagnes de haine des bouddhistes extrémistes sont menées contre les musulmans en toute impunité et les autorités birmanes instrumentalisent les tensions pour mieux contrôler le peuple.
Les violations de droits de l’homme continuent : En Birmanie, présence militaire rime souvent avec violations des droits de l’homme. La militarisation croissante liée aux conflits armés et aux opérations de sécurisation des zones exploitées par les investisseurs étrangers, impacte directement les civils : viol, torture, exécution et détention arbitraire, incendie criminel, tir de mortier, pillage, travail forcé, passage à tabac, utilisation d’enfant soldat etc. Ces abus sont encore monnaie courante en Birmanie et poussent les populations à fuir leur lieu de vie et leur pays.
Une situation humanitaire catastrophique
La plupart des 650 000 déplacés internes manquent de tout : ils vivent dans les refuges temporaires de camps surpeuplés et dans des conditions sanitaires catastrophiques. Certains sont également concernés par des mesures qui les empêchent de se déplacer, de travailler, de se soigner et même de pratiquer leur religion librement.
Malgré cette situation humanitaire catastrophique, le gouvernement impose des restrictions sur l’accès de l’aide humanitaire dans la plupart des régions. Seulement une poignée de convois humanitaires ont par exemple été autorisés à pénétrer dans les territoires non-contrôlés par le gouvernement. Bloquer l’aide humanitaire est une violation du droit international, mais la Birmanie a montré à maintes reprises son manque d’intérêt pour le respect des lois internationales. Le pays est notamment tristement célèbre pour avoir bloqué l’accès de l’aide humanitaire après le passage du cyclone Nargis en 2008 qui a fait plus de 100 000 morts (Thein Sein était alors en charge de la situation pour le gouvernement).
La situation des 120 000 réfugiés qui vivent dans les camps frontaliers en Thaïlande est également très préoccupante et loin de s’arranger. Au contraire, l’insuffisance de l’aide humanitaire est en train de pousser les réfugiés à rentrer chez eux de façon prématurée. Beaucoup de donateurs ont en effet utilisé les réformes de ces trois dernières années comme une excuse pour réduire les financements attribués aux réfugiés. Cela s’est traduit par une coupe du budget destiné aux rations alimentaires, aux abris, aux vêtements et autres services de base.
L’Union européenne, met également en œuvre des mesures qui pourraient forcer les réfugiés birmans à retourner chez eux alors que les conditions de sécurité ne sont pas garanties, que leurs terres ont souvent été pillées et confisquées et qu’ils risquent de manquer de tout.
Pour en savoir plus:
-Sur la minorité Rohingyas : découvrez nos articles ici
-Sur les conflits armés et la situation des minorités: découvrez nos articles ici
-Sur le processus de paix: « Peut-on recoller la mosaïque birmane : Conflits ethniques et réconciliation nationale » – Novembre 2013 – Lire le rapport