Info Birmanie soutient les 152 organisations signataires de cet appel urgent, appelant à l’arrêt immédiat des offensives de l’armée birmane – la Tatmadaw – dans le Nord-Est du pays, et à l’action du gouvernement civil. Elles appellent également au soutien de la communauté internationale, de toute urgence.
Le 20 décembre 2016
Les organisations de la société civile et les organisations de foi ont émis un appel urgent à propos de la crise au Myanmar qui s’aggrave. Il est temps pour le gouvernement et la communauté internationale de cesser de traiter la répression ethnique comme une exception et de la voir comme les exemples des profonds défis auquel fait face le Myanmar.
En tant que leader des organisations de la société civile et des organisations de foi dans les États
Shan et Kachin, nous appelons le gouvernement de la Ligue Nationale pour la Démocratie à agir de toute urgence afin d’arrêter les offensives militaires, de protéger les déplacés internes (IDP) et les citoyens locaux dont les vies sont gravement menacées, et de prioriser la concrétisation de la paix nationale promise lors de la prise de fonction du nouveau gouvernement. À une époque où tout le monde recherche la paix, les forces armées nationales – la Tatmadaw – continuent de mener leurs politiques dans le Nord-Est du pays,qui favorisant les déplacements et la souffrance des communautés locales. Ce n’est pas ce que le peuple désirait ou attendait lorsque la LND a été élu par mandat populaire l’année dernière.
La situation est actuellement extrêmement périlleuse pour les déplacés internes dans l’Etat Kachin. Dans les guerres modernes, les civils sont souvent les principales victimes des conflits. Malgré les négociations de paix et les promesses concernant un cessez-le-feu national, la Tatmadaw a poursuivi ses opérations militaires contre le poste Gidon – poste stratégique de la Kachin Independance Army (KIA) – pendant plusieurs mois. Pendant les derniers jours, les combats se sont sérieusement intensifiés avec les forces armées qui ont lancé des attaques répétées, notamment via des frappes aériennes et de l’artillerie lourde. Ces offensives affectent les zones civiles, et les obus atterrissent à côté des déplacés internes, traumatisant ceux qui se sont réfugiés dans le camp de Mung Lai Hkyet (WoiChyai). Ils n’ont nulle part ou fuir à part à Laiza ou vers la Chine, où de nombreux déplacés et civils ont récemment cherché refuge. Les bombardements aériens récents à Mung Gu, dans le Nord de l’État Shan, ont provoqué de nombreuses victimes au sein des populations civiles, des dommages importants sur les modes de vie locaux, les bâtiments publics et les propriétés des populations civiles ainsi que des déplacements de masse.
Face à tant de souffrance, les populations demandent s’il s’agit réellement de la politique du gouvernement de la LND ? Le silence du gouvernement et de la communauté internationale a été assourdissant. Il y a seulement trois mois, les espoirs étaient élevés après la Conférence pour la paix, connue sous le nom de la Conférence de Panglong pour le XXIe siècle. Mais depuis lors, les opérations militaires se sont accrues, et le désespoir grandit au sein des minorités ethniques dans plusieurs zones du pays.
Nous appelons, en temps que priorité nationale, à l’arrêt immédiat des offensives militaires ; et à ce que la Conseillère d’État Daw Aung San Suu Kyi rende visite aux communautés déplacées dans l’État Kachin et dans le nord de l’État Shan pour constater par elle-même les conditions extrêmes dans lesquelles elles vivent. C’est le devoir du gouvernement de protéger les vies et les droits de tous. La crise humanitaire est maintenant urgente, et les espoirs en la concrétisation d’un accord de paix sous ce gouvernement diminuent.
Nous appelons également à l’attention de la communauté internationale et à son assistance. Les cinq années précédentes, l’industrie internationale de la paix a négligé la crise qui s’aggravait dans le Nord-Est du pays, concentrant les initiatives de paix à d’autres endroits. Cela a été une erreur majeure et une incompréhension de la crise politique au Maynmar. La transition démocratique et la paix ne seront possible que lorsque ces processus seront inclusifs, et que les droits de tous seront respectés de manière équitable.