20 avril 2020 – La Birmanie compte à l’heure actuelle près de 200 prisonniers politiques (condamnés ou en détention provisoire) et près de 400 défenseurs des droits humains, journalistes ou citoyens visés par des poursuites judiciaires et exposés à une peine d’emprisonnement pour avoir voulu exercer leur métier ou leurs droits.
Ce terrible constat de l’état des libertés en Birmanie ne repose pas seulement sur la persistance du pouvoir de l’armée et de ses multiples abus. Il relève aussi de la responsabilité du gouvernement civil. Où est la volonté politique de réformer les lois utilisées pour réprimer toute voix critique ? Pourquoi les prisonniers politiques n’ont-ils pas tous bénéficié de l’amnistie présidentielle de la semaine passée, rendue d’autant plus pressante en ces temps de pandémie ? Parmi les près de 25 000 prisonniers concernés par cette amnistie annuelle, on ne compte que 18 prisonniers politiques…
Dans son récent rapport relatif à la criminalisation des défenseurs des droits humains en Birmanie, Amnesty International constate que « depuis leur arrivée au pouvoir il y a de cela quatre ans, Aung San Suu Kyi et son gouvernement supervisent les manœuvres de harcèlement et d’intimidation, les arrestations, les poursuites judiciaires et les placements en détention dont font systématiquement l’objet les défenseurs des droits humains. » « Alors qu’elle a fait campagne en faveur des droits humains pendant des dizaines d’années et qu’elle a payé très cher son action militante, il est choquant de constater qu’Aung San Suu Kyi et ses collaborateurs et collaboratrices n’ont quasiment rien fait pour modifier les lois héritées du régime militaire, toujours utilisées pour réprimer et sanctionner celles et ceux qui critiquent les autorités. »
Plusieurs organisations de la société civile demandent à ce que la situation des prisonniers politiques figure de nouveau à l’agenda de la communauté internationale. Dans sa campagne initiée sur les réseaux sociaux pour le Blue Shirt Day, Burma Campaign UK reprend les propos formulés par Aung San Suu Kyi en juin 2012 (« un prisonnier de conscience est un prisonnier de trop ») et déplore que celle-ci n’ait pas fait libérer l’ensemble des prisonniers politiques, ni mis en oeuvre tout ce qui est en son pouvoir pour faire cesser ces violations des droits humains.
Pour informer sur la situation dramatique des prisonniers politiques, demander leur libération et la fin de la répression, Info Birmanie participe à cette campagne, en solidarité avec tous ceux qui défendent les valeurs démocratiques en Birmanie.
Le 21 avril, vous pouvez porter un T-Shirt bleu et partager une photo sur les réseaux sociaux pour demander la libération de tous les prisonniers politiques en Birmanie avec #BlueShirt4Burma / @BlueShirt4Burma.
*Le mardi 21 avril 2020 marquera les 6 ans de la mort de U Win Tin. Ce journaliste, qui compte parmi les membres fondateurs de la LND, a passé près de 20 ans de sa vie en prison (1989-2008), une expérience qu’il a qualifiée d’infernale. Lors de sa libération, il s’est engagé à se vêtir d’un T-Shirt bleu – de la même couleur que celui qu’il devait porter en prison – jusqu’à ce que tous les prisonniers politiques de Birmanie soient relâchés. Il n’a pas obtenu gain de cause de son vivant. La campagne de sensibilisation du Blue Shirt Day a été initiée par l’Assistance Association for Political Prisoners (AAPP) #blueshirt4burma / @blueshirt4burma.