Yadana : des dividendes en moins pour les actionnaires mais Total continue de financer la junte birmane

Yadana : des dividendes en moins pour les actionnaires mais Total continue de financer la junte birmane


CP 27 mai 2021 – A la veille de son assemblée générale, Total annonce une décision prise deux semaines plus tôt qui concerne la suspension des dividendes versés aux actionnaires de la Moattama Gas Transportation Company Limited (MGTL) en charge de gérer le transport du gaz de Yadana.

Passé l’effet d’annonce, il ressort de cette décision de Total et Chevron qu’en réalité seuls 10 % environ des paiements effectués à la junte birmane sont concernés, si l’on passe au crible l’ensemble des paiements effectués figurant dans les rapports 2017-2018 de l’EITI (The Extractive Industries Transparency Initiative).

Comme le souligne notre organisation partenaire Justice For Myanmar, « cette décision n’arrête pas la grande majorité des paiements à la junte facilités par Total, qui comprennent la part de l’État dans les recettes gazières, les redevances et le recouvrement des coûts de l’exploitation du champ gazier de Yadana et l’impôt sur les sociétés de MGTC. »

La suspension de paiement annoncée ne concerne en effet que les dividendes versés aux actionnaires de la Moattama Gas Transportation Company Limited (MGTL) chargée de gérer le transport du gaz. Cela entraîne bien la suspension des dividendes versés à la Myanmar Oil and Gaz Enterprise (MOGE), qui détient 15 % des parts de la MGTL aux côtés de Total, Chevron et PPTE. Mais les taxes et les revenus issus de la production du gaz versés à l’Etat birman ne sont pas concernés par cette décision, soit environ 90 % des sommes en jeu.

Total continue donc d’être l’un des principaux contributeurs financiers de la junte dirigée par Min Aung Hlaing. La demande de la société civile et des autorités légitimes en résistance – qui appellent Total à suspendre tous ses paiements à la junte et à les placer sur un compte bloqué jusqu’au retour d’un gouvernement démocratiquement élu – reste donc plus que jamais d’actualité.

Les Etats ont jusqu’à présent été réticents à cibler le secteur gazier et pétrolier, alors que la mise sous sanction de la MOGE est une priorité. Le fait que Total mentionne que la multinationale respectera toute décision ou sanction qui serait prise au niveau des organisations internationales et des Etats est-il une indication de nouvelles sanctions à venir ? Ce qui est sûr, c’est qu’il y a urgence à agir.

Justice for Myanmar fait valoir que « selon les projections publiées par le Ministère de la Planification et des Finances, l’État birman tire environ 1,5 milliard de dollars US par an de tous les projets pétroliers et gaziers offshore. La suspension des dividendes par MGTC en représente une infime partie ».

Une pétition lancée par Info Birmanie demandant à Total la suspension de tous les versements à la junte birmane, mise en cause pour des crimes susceptibles d’être qualifiés de crimes contre l’Humanité, a déjà réuni plus de 3400 citoyennes et citoyens.

Contact presse : Sophie Brondel, sophie@info-birmanie.org 07 62 80 61 33