Les organisations de la société civile et les groupes communautaires condamnent la répression violente des protestations contre la mine de cuivre de Letpadaung en Birmanie.Les organisations de la société civile et les organisations communautaires locales soussignées, condamnent la répression brutale qui a eu lieu hier contre des manifestants qui appelaient à la suspension de la mine de cuivre de Letpadaung, située près Monywa, dans la région Sagaing, au Nord-ouest de la Birmanie. Cette violence est le dernier exemple en date attestant que les réformes en Birmanie ne sont que superficielles. Le chemin est encore long pour que la liberté d’expression, de réunion et d’association, les droits fonciers et la primauté du droit soient enfin respectés en Birmanie.
Au cours des trois derniers mois, les agriculteurs locaux et les militants des droits humains, rejoints plus tard par les moines bouddhistes, ont protesté contre la mine de cuivre et ses effets néfastes. Très tôt le matin du 29 Novembre, les autorités ont eu recours à de vieilles méthodes violentes afin de mettre un terme au mouvement de protestation qui s’amplifiait. La police anti-émeute a attaqué des camps des manifestants situés atours de la mine de Letpadaung, utilisant des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Les feux se sont répandus dans les camps, brûlant des moines bouddhistes et des villageois protestataires, dont la plupart cherchent maintenant des soins médicaux dans des hôpitaux de fortune.
La mine de Letpadaung est exploitée par une entreprise chinoise et un groupe contrôlé par l’armée birmane, Union of Myanmar Economic Holdings Ltd. Le projet a eu pour conséquences directes la confiscation de terres, des dégradations environnementales et la mise en œuvre d’une politique de répression contre les manifestants pacifiques. Le projet doit être suspendu afin qu’il y ait une évaluation approfondie de ses impacts sur les communautés locales et sur l’environnement, que des mesures soient mises en place pour atténuer les impacts négatifs futurs et qu’une compensation financière soit versée pour les dommages déjà subis.
En plus de la lourde répression d’hier, six principaux organisateurs de manifestations de soutien à Rangoon ont également été arrêtés plus tôt cette semaine: Ko Wai Lu, Daw Shan Ma, Ko Myo Chit, Ko Ye Lin, Daw Naw Ohn Hla et Ko Nyi Nyi. Ils avaient été arrêtés en vertu de l’article 18 (b) de la loi sur les rassemblements et manifestations pacifiques pour avoir manifesté sans autorisation. Toutefois, ils ont depuis été inculpés en vertu de la section 505 (b) du Code pénal pour avoir commis ou d’inciter autrui « à commettre une infraction contre l’État ou contre la tranquillité publique».
Cette section du code pénal a été identifiée par le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la Birmanie, Tomás Ojea Quintana, dans son rapport au Conseil des droits de l’homme en mars dernier, comme non conforme aux normes internationales en matière de droits de l’homme. Elle a été utilisée de façon systématique pour détenir des militants politiques et tous ceux qui s’opposent au gouvernement. Nous nous joignons à l’appel de M. Quintana pour que cette section du code pénal soit abrogée.
Nous sommes également vivement préoccupés par l’état de santé de quatre organisateurs des manifestations de Rangoon pour lesquels les autorités ont émis des mandats d’arrêt: Ko Han Win Aung, Ko Ha Thi Win Tin, Ko Aung Naing Thu et Ko Moe Thway. Ils sont actuellement dans la clandestinité.
Nous appelons donc le gouvernement birman à immédiatement:
• Suspendre la mine de cuivre de Letpadaung afin que soit menée une évaluation adéquate des impacts du projet, et notamment la réparation des dommages déjà subis;
• Mener une enquête indépendante avec des experts internationaux sur la répression qui a eu lieu le 29 novembre afin de rechercher la vérité et de rendre justice aux victimes;
• Relâcher tous ceux qui ont été arrêtés dans le cadre de manifestations à Monywa, Rangoon et Mandalay, d’annuler les mandats d’arrêt existants, et d’effacer leur casier judiciaire, et ;
• Abroger ou modifier toutes les lois qui ne sont pas conformes aux normes internationales relatives aux droits de l’homme, notamment, la loi sur les rassemblements et manifestations pacifiques et la section 505 (b) du code pénal, afin de les rendre conformes aux normes internationales en matière de droits de l’homme .