CP 7 mars 2019 – Dans un communiqué conjoint initié par Progressive Voice et Athan, dont Info Birmanie est signataire, 77 organisations de la société civile demandent aux autorités birmanes d’abandonner les poursuites engagées contre l’éditeur en ligne Ko Swe Win et de réformer l’article 66(d) de la loi sur les télécommunications utilisé pour le poursuivre.
Il y a deux ans, Ko Swe Win, éditeur en ligne du journal « Myanmar Now » a été poursuivi pour diffamation pour avoir partagé sur Facebook des informations parues dans ce journal. Celles-ci citaient un moine qui exprimait des critiques vis-à-vis du moine ultranationaliste U Wirathu. Auparavant, ce dernier avait exprimé son soutien à U Kyi Lin, l’homme récemment condamné pour avoir, en janvier 2017, tué U Ko Ni, le conseiller juridique d’Aung San Suu Kyi. U Wirathu avait été jusqu’à remercier le tueur.
Tandis que certains responsables militaires mis en cause pour génocide, crimes contre l’Humanité et crimes de guerre par les enquêteurs de l’ONU continuent d’officier sans être inquiétés, des lois répressives sont utilisées contre des journalistes qui dévoilent la vérité et dénoncent les atteintes aux droits humains.
Selon Athan, 173 poursuites ont été engagées en application de l’article incriminé depuis l’entrée en vigueur de la loi sur les télécommunications en 2013. Celle-ci a été amendée en 2017, mais la diffamation reste pénalisée et la réforme a eu peu d’impact sur la manière dont la loi est appliquée. Depuis 2017, 73 poursuites ont été engagées.
Comme le souligne Ko Swe Win, « il est regrettable de voir qu’en Birmanie, un moine renommé qui utilise les médias sociaux pour faire l’apologie d’un assassinat politique n’est pas inquiété, alors que des journalistes comme moi qui parlent à voix haute pour dénoncer ces propos sont injustement pris pour cible. L’utilisation persistante de l’article 66 d pour faire taire ceux qui expriment des critiques vis-à-vis de telles prises de position et qui dénoncent les violations des droits humains montre clairement à quel point les forces autoritaires demeurent puissantes » en Birmanie.
Info Birmanie demande à la France de s’enquérir de ces atteintes récurrentes à la liberté d’expression auprès des autorités birmanes et d’appuyer la réforme des lois répressives utilisées pour porter atteinte à une liberté fondamentale, sans laquelle il n’est pas de démocratie.
Contact presse : Sophie Brondel 07 62 80 61 33 sophie@info-birmanie.org
Pour de plus amples informations :
Le communiqué de presse d’Athan et de Progressive Voice
Le communiqué conjoint de 77 organisations de la société civile