L’armée serait prête à rendre seulement 6% des terres confisquées lorsque la junte était au pouvoir. Les mécontentements sont grandissants face à la question des terres, et notamment des confiscations qui ont eu lieu entre 1988 et 2010.
Les villageois osent à présent faire campagne contre les projets de confiscations de terres et demandent le retour des terres confisquées sous la junte militaire. Au Parlement aussi, la question des terres figure au centre des discussions.
La généralisation du problème a conduit à la création par le gouvernement d’un Commission chargée de traiter les plaintes pour expropriation, dont le nombre augmente régulièrement.
En réponse à ces protestations, le ministre de la défense, le Lieutenant General Wai Lwin a annoncé devant le Parlement, que l’armée était prête à rendre 18,300 acres (7.412 hectares).
Le ministère a pourtant reconnu que l’armée avait confisqué à cette période plus de 297,000 acres à travers le pays [1]. L’effort consenti par le gouvernement est nettement insuffisant pour les paysans et l’ensemble des personnes ayant perdu leurs propriétés, leurs emplois et leurs moyens de subsistance au profit d’autres. Cette réponse n’est pas non plus cohérente avec la politique gouvernementale actuelle, qui, tournée vers les investisseurs étrangers et l’ouverture du pays, continue de confisquer des terres.
Les confiscations ont été légalisées par l’Acte 1963 sur l’acquisition de terre. Il permettait aux militaires de nationaliser des terres dans tout le pays, au profit de projets économiques, de zones industrielles et de bases militaires ou encore pour étendre les zones urbaines.
Cette loi faisait partie des politiques économiques et sociales de l’ancien militaire et homme fort du régime, le Géneral Ne Win. Cette pratique a continué d’être utilisée par les régimes suivant et l’est toujours depuis que Thein Sein est au pouvoir.
Le projet industriel dans la ville de Dawei (entre autres un port en eau profonde, une usine pétrochimique, une raffinerie pétrolière) a impliqué par exemple, le déplacement de force de dizaines de milliers de personnes, il se poursuit en 2013 et devrait concerner une quinzaine de villages. Ce projet n’est pas un cas isolé, plus de vingt projets de barrages hydroélectriques de grande envergure sont en cours de construction à travers le pays, et une quarantaine de blocs pétroliers et gaziers sont en phase d’exploration.
Alors que l’économie se prépare à un afflux d’investissements étrangers, les associations de défense des droits de l’homme craignent que cela ne se traduisent par une augmentation de la saisie de terres, au profit des entreprises privées, du gouvernement et de l’armée.
Le 18 juillet 2013
[1] Selon le rapport de New Light of Myanmar