CP 15 avril 2019 – Le nom de Min Htin Ko Ko Gyi vient s’ajouter à la longue liste des personnes visées par des poursuites et/ou placées en détention pour avoir exprimé une opinion critique vis-à-vis du pouvoir en Birmanie.
Réalisateur de films, poète et fondateur du « Human Rights, Human Dignity International Film Festival » dans son pays, il a récemment publié des commentaires critiques sur Facebook, relatifs au poids politique de l’armée garanti par la Constitution de 2008.
Ces commentaires lui valent d’être poursuivi par le lieutenant-colonel Lin Tun, issu du commandement de la région de Rangoun, pour insulte et diffamation via les réseaux sociaux en application de la section 66(d) de la Loi sur les télécommunications, mais aussi sous l’article 505(a) du Code pénal, qui criminalise notamment les propos émis dans le but de « faire échec à l’action de l’armée ». Il risque jusqu’à deux ans de prison.
Radio Free Asia, dans son édition du 12 avril, rapporte les propos de Myint Kyaw, co-secrétaire du Conseil de la Presse de Birmanie, pour qui Min Htin Ko Ko Gyi est un critique connu des militaires et devait à ce titre être dans le collimateur de l’armée. Il estime que le plaignant pourrait avoir joué un rôle dans la décision refusant sa libération sous caution.
Min Htin Ko Ko Gyi souffre en effet d’importants problèmes de santé. Son avocat, tout en soulignant que la libération sous caution n’est pas prévue dans le cadre de poursuites sous l’article 505(a) du Code pénal, s’inquiète que le juge, qui avait le pouvoir de tenir compte de son état de santé, ne l’ait pas fait. Le vendredi 12 avril, sa demande de libération sous caution a été refusée et Min Htin Ko Ko Gyi, récemment opéré d’un cancer, a été transféré à la prison d’Insein.
La prochaine audience dans cette affaire doit avoir lieu le 25 avril.
En attendant, les lois répressives utilisées pour réprimer les voix critiques dans le but de les faire taire n’ont toujours pas été réformées. Ces poursuites donnent aussi le ton quant à la portée prévisible du chantier de réforme de la Constitution, récemment ouvert par la LND dans la perspective des échéances électorales de 2020. Il ne saurait être question de porter atteinte au pouvoir des militaires et toute opinion contraire expose à la répression.
Min Htin Ko Ko Gyi, qui paie déjà ses écrits de sa liberté, devra-t-il aussi les payer de sa santé, si ce n’est de sa vie ? Alors qu’est actuellement évoquée l’amnistie annuelle de prisonniers, notamment politiques, dans le cadre des fêtes birmanes de la nouvelle année, les « procès politiques » ne tarissent pas.
Dans son communiqué du 21 mars, le réseau de l’European Burma Network enjoignait notamment à l’Union Européenne de « fixer des conditions en matière d’amélioration de la situation des droits humains, tels que la libération des prisonniers politiques et la réforme des lois répressives, en retour d’un soutien au gouvernement ». Ce changement d’approche reste d’actualité.
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