Communiqué de Presse
Le Président Htin Kyaw démissionne
Le Président Htin Kyaw, proche d’Aung San Suu Kyi, a démissionné ce mercredi 21 mars afin de « s’accorder du repos », après presque deux ans à exercer la fonction de Président de la Birmanie. Les rumeurs au sujet de l’état de santé de Htin Kyaw se sont multipliées au cours de cette dernière année, toujours démenties par des officiels de la Ligue National pour la Démocratie (LND). Néanmoins, le gouvernement avait admis qu’il était sous traitement, notamment en janvier lors d’un déplacement à Singapour pour des raisons médicales. Au cœur des tensions entre l’armée birmane et le gouvernement civil birman, la place du Président Htin Kyaw fut délicate. Il a également dû faire face aux divisions internes bien présentes au sein du gouvernement civil. Son rôle demeurait symbolique puisque ses actions restaient dictées par la Conseillère d’Etat Aung San Suu Kyi, de facto chef de l’Etat birman.
Conformément à l’article 73 de la Constitution birmane, un nouveau Président doit être nommé dans les sept jours. Jusqu’à sa nomination, le premier Vice-Président Myint Swe, nommé par les militaires, assure la fonction de Président par intérim. A l’époque de la junte militaire, Myint Swe était à la tête de l’unité militaire de Rangoun lors de la Révolution de Safran, alors sévèrement réprimée et dont le bilan s’élève à des dizaines de morts et des centaines de prisonniers politiques. Suite à l’auto-dissolution de la junte et sous le gouvernement quasi-civil du Président Thein Sein, il a été Ministre de la région de Rangoun.
Après la prise de fonction du Président par intérim, le Président du parlement national birman doit lancer le processus interne qui aboutira à la nomination du troisième Vice-Président. Le Collège électoral du parlement national élira alors le président parmi les trois Vice-Présidents : Myint Swe ; Henry Van Thio et le troisième, dont nous devrions connaître l’identité en cette fin de semaine.
Aung San Suu Kyi, Conseillère d’Etat, souhaite évidemment rester décisionnaire, ses directives se porteront donc vers quelqu’un en qui elle place une entière confiance et qu’elle sait loyal. Le favori : U Win Myint, proche d’Aung San Suu Kyi et ancien prisonnier politique, a servi le Comité exécutif central du parti pendant des années. Il vient juste de démissionner en tant que Porte-Parole de la Chambre Basse du Parlement, ce qui lui permet d’être élu en tant que troisième Vice-Président et ainsi d’être éligible en tant que Président. Alors que le parlement national est majoritairement composé de députés issus de la LND, il est probable qu’il soit élu, si telles sont les directives de la LND – menée par Aung San Suu Kyi.
Deux gouvernements se partagent toujours le pouvoir en Birmanie : l’un civil, qui semble en proie à de vives divisions internes et l’autre militaire, dont l’emprise sur la vie politique du pays est préoccupante et reste difficile à mesurer. Cependant, la nomination du nouveau Président à la tête du pays ne semble pas annoncer de changement de cap dans la politique du gouvernement civil.