Le principal problème que rencontre la communauté LGBT en Birmanie est l’existence de l’article 377 du Code pénal birman. Il dispose que la sodomie est illégale puisqu’elle constitue « un acte contre nature ». Cet article n’a été mis en œuvre qu’une seule fois pour condamner un transsexuel mais de nombreuses personnes ont été arrêtées en vertu de ces dispositions. Le simple fait qu’il existe crée un espace pour l’homophobie et une pression pour la communauté LGBT.
Il semblerait que certains parlementaires soient ouverts aux discussions sur l’article 377. Ils ont récemment accepté de porter la question de son amendement devant le Parlement. Des associations de défense de la communauté LGBT travaillent sur une proposition d’amendement avant les élections.
En 2014, 7 transsexuels ont été arrêtés et abusés sexuellement pendant leur garde à vue, ils ont également fait l’objet d’insultes et été contraints de signer une déclaration les engageant à ne plus jamais s’habiller en fille. Ces cas illustrent tout à fait l’homophobie des policiers et montrent le problème culturel qu’elle constitue en Birmanie.
Une autre loi vise directement la communauté LGBT, elle interdit de prendre part à une activité qui est susceptible de diffuser des maladies et MST. En effet, l’impression générale est que les homosexuels/transsexuels transmettent des maladies. Cet article est peu utilisé pour condamner des personnes, il est surtout mis en œuvre pour les arrêter et les harceler. Le pire réside à nouveau, dans l’existence même de cet article, il crée une pression sur les personnes concernées. Pour la communauté LGBT, une solution pour éviter les abus et les discriminations est de verser des pots de vins.
Le concept LGBT est nouveau en Birmanie. En règle générale, les personnes victimes d’agression ou de discriminations ne les reportent pas aux autorités et il est difficile de prouver le lien entre agression et identité sexuelle des victimes.
La religion étant au cœur de la société birmane, l’homosexualité et la transsexualité sont encore taboues et très peu de personnes ne confient leur identité sexuelle à leur entourage, en particulier à leur famille. Nombre d’entre eux préfèrent rejoindre la ville de Rangoun, plus tolérante, pour vivre tranquillement et à l’abri du jugement de leurs proches sur leur homosexualité/ transsexualité.
Paradoxalement, la transsexualité est mieux tolérée que l’homophobie. Les transsexuels sont discriminés au quotidien, mais cela reste mieux accepté au sein de la société birmane. Beaucoup de birmans reconnaissent, par exemple, les transsexuels comme faisant partie de la société, puisqu’ils divertissent le peuple et font partie de spectacles. Ils constituent, ainsi, des « exceptions à la normalité ». Toutefois, aucun espace n’existe dans la société pour les femmes homosexuelles. Alors que les hommes gays sont relativement nombreux, les lesbiennes sont presque inexistantes.
Dans les zones rurales, le concept est particulièrement peu connu, des associations ont lancé un mensuel gratuit « Rainbow magazine ». Il s’agit du seul journal destiné à la communauté LGBT qui aborde le sujet ouvertement en Birmanie. Les responsables de ces associations reçoivent chaque mois des courriers de dizaines de lecteurs à travers le pays pour les remercier de cette aide précieuse qui leur a, parfois, « sauver la vie ». En effet, personne ne sait ce que c’est, n’en parle ni n’a des contacts pour avoir ou partager des informations.
Récemment, le festival du film LGBT a été organisé à Rangoun en partenariat avec l’Institut français. Plusieurs films, sur la signification et la vie quotidienne d’homosexuels et de transsexuels, ont été diffusés. Le festival a attiré plusieurs milliers de personnes sur 3 jours, ce qui constitue un signal fort et optimiste pour l’avenir et la reconnaissance de la communauté LGBT. En mars 2014, un couple homosexuel s’est même marié publiquement pour la première fois en Birmanie.