La Birmanie refuse de s’engager à mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits

La Birmanie refuse de s’engager à mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits

 Le 24 septembre s’est ouverte à New York l’Assemblée Générale des Nations Unies, qui constitue tous les ans le plus vaste rassemblement de dirigeants du monde entier.

Une nouvelle Déclaration d’engagement à mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits a été présentée à cette occasion, notamment par William Hague, Ministre des affaires étrangères britannique. Elle a été rédigée avec la représentante spéciale du Secrétaire Général de l’ONU pour les violences sexuelles.

Si 115 pays se sont engagés à mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits en signant la déclaration,  la Birmanie a refusé de le faire.

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La déclaration contient des engagements pratiques et politiques visant à mettre fin à l’impunité, à promouvoir la responsabilisation et à assurer la justice et la sécurité des victimes de violences sexuelles dans les conflits.

Ce refus du Président Thein Sein de soutenir cette déclaration démontre clairement un manque de volonté d’aborder la question de la violence sexuelle dans les conflits en Birmanie.

« Ils ne veulent pas admettre qu’ils ont commis ce type de crimes – je pense que c’est une des raisons qui les a conduit à refuser de signer » a déclaré Tin Tin Nyo, la secrétaire générale de la délégation thaïlandaise de Women’s League of Burma. « Signer les auraient contraints à donner suite aux nombreux cas de violences sexuelles qui ont eu lieu dans le pays. Beaucoup d’abus ont été commis en toute impunité mais les cas que nous avons enregistré, n’ont jamais été reçu en justice. »

Pourtant, depuis que Thein Sein est devenu président, les combats ont repris de plus belle dans l’état Kachin et dans le Nord de l’état Shan, et des associations de défenses du droit des femmes ont rapporté une augmentation de l’utilisation du viol et d’autres formes de violences sexuelles contre les femmes par les troupes de l’armée birmane[1]. Un exemple terrible de l’utilisation continue du viol par l’armée birmane dans les zones de conflit est celui d’une grand-mère de 12 enfants, Ngwa Mi, battue à coups de crosse et de couteau, déshabillée et violée sur une période de trois jours dans une église par deux bataillons de l’armée birmane, en mai 2012.[2]

Aucune mesure n’a été prise pour mettre fin à l’impunité pour les viols commis par l’armée birmane, et Thein Sein et son gouvernement refusent de reconnaître que de tels abus se produisent encore.

Les femmes en Birmanie, et en particulier dans les zones peuplées par les minorités ethniques, sont les victimes de violences sexuelles, d’exploitations sexuelles, de la traite des êtres humains et de discriminations. En outre, dans les situations de conflit armé et de pauvreté extrême, elles figurent parmi les populations les plus vulnérables et subissent le fardeau de la guerre et des déplacements.[3]

En dépit des accords de cessez-le-feu conclus dans certaines régions ethniques, comme dans l’état Karen, la présence de l’armée birmane demeure une menace constante pour la sécurité des communautés ethniques, en particulier des femmes. Au mois de mars dernier, une femme Karen a déclaré avoir été « battue, droguée et agressée sexuellement par deux hommes vêtus de treillis militaires »[4]. Les projets de développement sont également un autre facteur influant sur les violences et les cas d’exploitation sexuelle des femmes dans les zones ethniques. « L’enfer des pipelines[5] », rapport publié récemment par une organisation de défense de l’ethnie Ta’ang (Ta’ang Students and Youth Organization), étudie l’impact de Projet de pipelines «Shwe»[6] sur les personnes issues de la minorité Ta’ang dans le nord de l’État de Shan. Le rapport conclut qu’à partir du moment où le projet a commencé, il y a eu de nombreux cas de harcèlement sexuel et d’intimidation envers les femmes, venant non seulement de l’armée birmane, mais aussi des ouvriers chinois travaillant sur le projet.

De très jeunes femmes et jeunes filles en provenance de Birmanie sont également victimes de la traite des femmes et d’esclavage sexuel, et sont forcées à se marier en Thaïlande,  Chine,  Malaisie, Bangladesh et Corée du Sud.

Selon Info Birmanie « L’utilisation du viol et les violences sexuelles contre les femmes en toutes circonstances est tout simplement inacceptable. Les violences sexuelles commises par les forces armées birmanes sont alarmantes et ne doivent pas être ignorées par la communauté internationale. Les pays membres des Nations Unies doivent s’assurer que la Birmanie est entièrement inclue dans la prévention de la violence sexuelle en temps de conflit ».

Pour en savoir plus :
« Le viol et les violences sexuelles » : Lire l’article
« Violation des droits de l’homme contre les femmes »: Lire l’article
« Vision et place de la femme dans la société birmane »: Lire l’article
« Femmes et militantisme en Birmanie » : Lire l’article


[2] Burma Partnership, Gang-rape in Church Highlights Burma Army Impunity for Sexual Violence in Kachin Conflict, 18 mai 2012
[3] Palaung Women Organization, The Burden of War – Women bear burden of displacement, Octobre 2012
[4] Women under siege, License to rape: How Burma’s military employs systematic sexualized violence, mars 2012
[5] Ta’ang Students and Youth Organization, Pipeline Nightmare, novembre 2012
[6] Une fois achevé ce pipeline, qui traverse la  Birmanie, augmentera l’accès de la Chine en pétrole brut provenant d’Afrique et du Moyen Orient, en fournissant une route alternative pour l’acheminement d’énergie, réduisant la dépendance de la Chine au détroit de Malacca, théâtre de nombreux conflits et d’actes de piraterie. Ce pipeline fera aussi de la Chine le premier bénéficiaire  du gaz naturel provenant du chantier du Shwe Gas