CP 9 mai 2019 – Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont finalement bénéficié d’une grâce présidentielle après avoir passé plus de 500 jours en détention et vu tous leurs recours juridiques rejetés. Une mobilisation mondiale d’envergure a soutenu sans relâche ces deux journalistes birmans, qui retrouvent donc à présent le chemin de la liberté.
Comme le souligne Reporters Sans Frontières (RSF), «la libération des deux journalistes ne doit pas faire oublier que les journalistes d’investigation birmans devront désormais travailler avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête » et la grâce présidentielle « comporte une large part d’ambiguïté : le pouvoir civil fait in fine montre de sa clémence, mais la condamnation des journalistes sur le fond n’en reste pas moins confirmée, créant une dangereuse jurisprudence et permettant ainsi aux milieux militaires et nationalistes de préserver la face.»
Au lendemain de cette libération, deux experts des droits de l’Homme des Nations Unies sont venus rappeler qu’ils demeurent « extrêmement préoccupés » par l’état de la liberté de la presse et de la démocratie en Birmanie et que le pays a beaucoup à faire pour garantir un « minimum d’espace démocratique », en particulier dans la perspective des prochaines élections générales de 2020.
Alors que quelques prisonniers politiques ont bénéficié de la « mansuétude » de l’Etat birman, des dizaines demeurent derrière les barreaux, tandis que des journalistes, activistes ou simples citoyens continuent d’être visés par des poursuites judiciaires pour avoir évoqué des sujets « interdits ».
A la veille de la Journée mondiale pour la liberté de la presse célébrée le 3 mai, 190 organisations de la société civile birmane demandaient à leur pays de garantir la liberté d’expression et de la presse, de libérer tous les prisonniers politiques, parmi lesquels Wa Lone et Kyaw Soe Oo, et de réformer les lois répressives utilisées pour faire taire les critiques.
Après avoir salué la libération des deux journalistes de Reuters, la France s’est bornée à réaffirmer « son soutien à la transition démocratique en Birmanie et aux efforts du gouvernement civil en vue de faire progresser l’État de droit et le respect des droits de l’Homme.»
Dans le contexte répressif que nous connaissons, nous pensons que la France doit, à l’instar d’autres chancelleries occidentales, se faire l’écho de ces préoccupations : s’inquiéter de la situation des autres prisonniers politiques, de l’utilisation de lois répressives et de l’impunité persistante dont bénéficient les auteurs des violations des droits humains que Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont justement contribué à documenter.
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